Tout le monde a entendu parlé de Merkezy : le duo qui gouvernerait l'Europe. On entend moins l'expression, ces derniers temps, car la plupart des commentateurs ont trouvé qu'à l'issue de la dégradation de la France par Standard and Poors, il ne restait plus que Merkel. Or, je vois plutôt un autre axe se dessiner, pas forcément politique, d’ailleurs : l'axe Camerkel, liant le PM britannique Cameron à la chancelière Merkel.
1/ De Davos au Nouvel Économiste, on entend en effet partout que la seule voie, désormais, consiste à ne pas tuer le malade guéri : bref, à se préoccuper aussi de croissance. De ce point de vue, les appréciations de S&P commentant la dégradation d'un certain nombre de pays allaient dans ce sens : il faut de la croissance, il faut de la relance.
2/ C'est la nouvelle doxa, venue des États-Unis (Saint Paul Krugman), et qui va bien, en passant, aux Français (mais aussi aux Italiens, Espagnols, Portugais, ...) : Au fond, si l'Allemagne est tant triomphante, c'est bien sûr parce qu'elle est vertueuse, mais c'est aussi aux dépens de ses petits camarades. Et la réforme Hart IV s'est faite au dépens des pauvres en Allemagne : bref, pas aussi gagnant-gagnant qu'on le dit. Et comme le constate le Monde, S&P a tué "Merkozy".
3/ Dès lors, la seule politique qui consiste à s'attaquer aux déficits publics est une stratégie insuffisante, comme le rappelait (voir ici incluant la "réplique" de David Cameron) le professeur Larry Summers à Davos (salle comble).
4/ Or, les deux plus grands vertueux d'Europe sont aujourd’hui David Cameron et Angela Merkel : le premier qui soumet le RU à une diète sans précédent (on peut estimer la baisse du pouvoir d'achat à 10% en trois ans, les Grecs peuvent s'accrocher, et en plus on ne voit venir aucune reprise), la seconde qui surfe sur ses excédents de tous ordres en 2011 et qui explique aux autres comment il faut faire. A ceci près que tout ça est bien récessif.
5/ En cela, Camerkel sont des écologistes qui s'ignorent : ils pratiquent une décroissance sans le dire, ce qui constitue, si j'ai bien compris, un des objectifs des écologistes européens. Bref, si j'étais Green ou Grün, je voterai pour Camerkel.
6/ Plus sérieusement, une idée que j'ai vu apparaître : sortir les dépenses d'investissements des critères de calcul de la dette ou de déficit : voilà qui serait une bonne idée, car cela favoriserait les infrastructures, les équipements, les politiques industrielles... et accessoirement, les recherches de défense.
Réf : une première citation du Camerkel : mais on y voit plutôt un fantasme anglais d'un directoire Londres Berlin de l'Europe.... Du rêve, ou du cauchemar, quoi !
O. Kempf