La Ligue des droits de l'homme fait le bilan du logement social sur le bassin d'Arcachon et s'alarme du manque d'habitations locatives. Explications
«Il existe une véritable pénurie de logements sociaux sur le Bassin. » Voici l'amer constat formulé par Michel Lefort, rapporteur de la section sur le logement à la ligue des droits de l'homme (LDH). C'est le thème que l'association a choisi d'aborder lors de sa dernière réunion, en février. « Nous avions besoin d'un point de départ incontestable pour analyser la situation », poursuit-il. Un questionnaire a donc été adressé aux 17 communes du Bassin et du Val de l'Eyre. Son objectif étant de dresser, avec l'aide de la Cobas, un inventaire du parc locatif au 31 décembre dernier.
L'enquête révèle un déficit de 3 540 logements sociaux sur la Cobas, par rapport au quota de 20 % prévu par la loi de solidarité et de renouvellement urbain (SRU). Le plan local d'habitation prévoit pourtant des pénalités à payer à l'État lorsque ce quota n'est pas respecté. Michel Arbez, militant de la LDH, explique : « La Cobas a servi d'outil pour mobiliser ces pénalités, afin d'investir dans la création de logements sociaux. L'absence de friches industrielles et de réserve foncière publique ou municipale, ainsi que la flambée des prix ces dernières années, contribuent pourtant à accentuer la tendance. »
Bombe à retardement. « La création d'un Établissement public foncier local (EPFL) permettrait à la Cobas de mobiliser des crédits départementaux, afin de constituer les réserves foncières qui font cruellement défaut sur le Bassin », indique Michel Lefort. Sur les 447 logements prévus par le plan triennal de la Cobas, seuls 160 ont été créés. De plus, la mise en place d'une structure d'hébergement d'urgence, comme prévu par la loi DALO (lire par ailleurs), n'est pas encore vraiment opérationnelle. Il n'existe que six logements mobilisables, alors qu'il en faudrait 30 pour s'y conformer. « Cette loi est une véritable bombe à retardement, s'alarme Michel Arbez. Avec 3,5 millions de personnes concernées sur le plan national, il va falloir trouver des solutions concrètes. Et vite? »
Afin de remédier à cette situation de pénurie, la LDH propose trois solutions. En premier lieu, ne délivrer de permis de construire aux promoteurs qu'à la condition d'un quota minimum de 20 % de logements sociaux dans les programmes immobiliers. « Cela relève de la volonté politique », souligne Michel Lefort. Ensuite, mettre l'accent sur la réhabilitation du parc locatif ancien : en effet, nombre de logements, insalubres, demeurent inoccupés à l'année. Enfin, mettre en place une véritable campagne de communication appuyée sur des exemples concrets de logements sociaux réussis. « Malgré le non-gigantisme des HLM actuels, ils suscitent encore des réactions de réticence de la part du voisinage. Il faut les dédiaboliser. »
Déséquilibre. Un fort déséquilibre subsiste entre les parcs de propriétés et le locatif, les promoteurs ayant privilégié les zones pavillonnaires aux dépens des habitations collectives qui sont moins consommatrices d'espace. « Nous avons la chance de vivre dans un cadre exceptionnel. Une prise de conscience s'impose sur l'importance de préserver les espaces forestiers extra et intra-urbains. Et l'habitat social, aujourd'hui, est un exemple d'intégration et de qualité environnementale », ajoute-t-il.
« Près de 280 HLM devraient être livrés en 2008, soit plus en un an que lors des cinq dernières années. En principe, tous les demandeurs de la Cobas seront relogés en 2011. Mais c'est sans compter l'accroissement constant de la population du Bassin. » En outre, les jeunes sont les premières victimes de cette pénurie. Souvent dans l'incapacité de quitter le toit familial, il leur est impossible de trouver un emploi. Pour toutes ces raisons, la LDH s'engage : « À l'avenir, nous nous engageons à effectuer un suivi annuel de l'application des lois SRU et DALO. Et malgré l'ampleur du problème, nous ne baisserons pas les bras ». Un exemple d'optimisme de la part de ces militants qui, avec ce dossier, ont soulevé un sujet brûlant.
(c) Sud-Ouest - 06/03/08