La sauvage primaire pour le choix du candidat républicain à l’élection présidentielle américaine de Novembre 2012, nous en fait voir de toutes les couleurs ! Surtout depuis que Mitt Romney et Newt Gingrich sont devenus les favoris. C’est à qui s’entredéchirerait le plus pour gagner !
Lors du dernier débat à Jacksonville en Floride, j’ai entendu à nouveau le sempiternel reproche de Romney à Gingrich en rapport avec son manque d’éthique durant la période où il a été orateur (the speaker) de la Chambre des Représentants du Congrès américain. Il fut accusé par le sous-comité d’éthique de la Chambre d’avoir utilisé pour ses besoins politiques, des fonds dédiés à d’autres fins. Cela ressemble étrangement à la révélation récente de La Presse sur les agissements de Gilles Duceppe, du temps pendant lequel il était chef du Bloc Québécois.
En janvier 1997, la Chambre des Représentants, à majorité républicaine, a réprimandé Gingrich pour son manque d’éthique par un vote de 395 à 28 et lui a imposé une punition de 300 000$. Une première pour cet organisme. Gingrich a alors admis les accusations du sous-comité et a reconnu avoir apporté du discrédit à cette dernière.
Voici ce qu’a dit, à ce moment-là, Tom Brokaw, le célèbre commentateur de la NBC : “Newt Gingrich, who came to power, after all, preaching a higher standard in American politics, a man who brought down another speaker on ethics accusations, tonight he has on his own record the judgment of his peers, Democrat and Republican alike. By an overwhelming vote, they found him guilty of ethics violations; they charged him a very large financial penalty, and they raised — several of them — raised serious questions about his future effectiveness.”
Son comportement a coûté cher à Gingrich. Il a payé son amende et a finalement quitté la politique. Après de longues années, il revient comme candidat à l’investiture républicaine et Gallup, qui sonde l’ensemble des républicains américains, le place ce matin à 6% en avant de Romney. Comme quoi, un politicien peut toujours revenir en politique s’il admet ses fautes.
Gilles Duceppe, qui a fait du bon travail à Ottawa, ne nie pas que l’organisateur-en-chef du Bloc ait été payé par des budgets votés par la Chambre des Communes et dédiés au travail parlementaire de son parti. Nonobstant cela, il est défendu par un grand nombre de ses amis politiques. À mon avis, c’est insupportable. Le manque d’éthique de Duceppe sur cette question est clair. Il n’avait même pas à consulter les règlements. Il aurait dû le savoir puisque que ce n’est que le gros bon sens. Comment peut-on défendre le principe qu’un chef de parti ou un député détourne l’argent dédié à ses fins politiques pour financer ses activités partisanes ?
L’entourage de Duceppe semble vouloir justifier ses actes en affirmant que les autres chefs de partis faisaient de même. Eh bien ! J’encourage Duceppe, qui les connait sûrement, à les nommer et qu’on les accuse à leur tour. C’est important.
Comme disait le républicain Mark Sandford de la Caroline du Sud, « si j’avais su ce que contenait le rapport du comité d’éthique, je n’aurais jamais voté pour Gingrich comme Orateur » et d’ajouter « Je pense à mes trois garçons et ce n’est pas l’exemple de leadership que je veux leur donner ». Voilà les mots d’un homme politique responsable qui met de côté la partisannerie pour l’intérêt public.
De toute évidence, je crois que le comité d’éthique du parlement canadien chargé d’enquêter sur le sujet arrivera à la même conclusion que celui qui a analysé le cas Gingrich et confirmera l’erreur de Duceppe. Toute cette question n’en est pas une de Républicains (ils étaient majoritaires et auraient pu trouver moyen de classer aux oubliettes le rapport du sous-comité) ou de Démocrates, ni de fédéralistes ou de séparatistes au Québec. C’est une question d’éthique.
Ceux qui interviennent comme moi par des articles, des blogues ou des commentaires, se doivent de faire des analyses qui sont respectueuses de la logique et de l’intelligence de nos lecteurs. De plus, même si nous avons chacun nos positions et nos visions politiques, nous nous devons de les énoncer dans une atmosphère de respect mutuel.
Claude Dupras