Grâce aux chaînes d'information continue ont peut assister en direct à quelques uns des meetings des candidats à l'élection présidentielle. Aujourd'hui, celui de Marine Le Pen à Perpignan. Spectacle intéressant qui éclaire sur la personnalité de la candidate du Front National, très à l'aise, parfois amusante, empruntant volontiers des trucs aux comiques spécialistes du stand-up, mais aussi et surtout sur son public et sur ce qu'il attend.
Son discours était entièrement consacré au travail et à son programme économique (vraiment très flou). Elle fut très applaudie chaque fois qu'elle s'en est pris à l'immigration, aux syndicats, qu'elle a stigmatisé les fraudes sociales, illustrées par les Mercédès des Roms, qu'elle a fait la promotion de l'apprentissage et qu'elle a expliqué qu'il fallait réserver les aides sociales, à commencer par les allocations familiales, aux Français. La salle était infiniment plus froide (pour ne pas dire glaciale) quand elle parlait d'augmenter les salaires les plus faibles, lorsqu'elle expliquait que le coût du travail n'est pas un problème et que le baisser ne servirait à rien.
C'était à Perpignan, région où le Front National est depuis longtemps bien implanté sans vieille tradition ouvrière. En irait-il de même dans le Nord? Ce serait à vérifier. Reste que l'on a bien le sentiment que son public est plus d'artisans et de petits patrons que d'ouvriers. Public sensible à son discours sur les valeurs du travail, mais plus sceptique sur une hausse des salaires et sur sa vision de l'entreprise. Ce qui laisse à Nicolas Sarkozy qui milite pour une baisse du coût du travail un espace à reconquérir.