Culture, état d'urgence, essai d'Olivier Poivre d'Arvor, aux Editions Tchou, 146 pages, 9€95.
Olivier Poivre d'Arvor est aujourd'hui directeur de France Culture. Il est écrivain, et a publié de nombreux textes avec son frère : Patrick Poivre d'Arvor.
Dans cet essai, Olivier Poivre d'Arvor nous expose le cas de la culture en France, et propose un New Deal à la française, soit une nouvelle donne culturelle. Cette proposition vient des Etats-Unis, et plus précisément de Franklin Delano Roosevelt.
Il propose un investissement culturel massif pour une sensibilisation des français à la culture. Il condamne évidemment un manque d'intérêt pour la culture des français, et y compris des politiques : "Car notre pays semble, de manière incompréhensible, avec ses mots épuisés et pauvres, avoir cédé au populisme, celui qui jette un jour aux orties un classique de la littérature française, La Princesse de Clèves, qui confond un magasin de fringues et un chef-d'œuvre de Voltaire, qui fait de même, lors d'une remise de décoration à l'Elysée, entre Roland Barthes, sémiologue, Fabien Barthez, gardien de but, ou Yann Barthès, animateur à Canal Plus. Rien n'est grave certes, car il n'y a pas mort d'homme, et pourtant tout est dit, puisque plus rien n'importe vraiment. De la méprise au mépris, le chemin est court." Effectivement, tout est dit. Il n'y a plus d'intérêt pour la culture, les amalgames sont nombreux, et paraissent minimes aux yeux de tous, même de ceux qui gouvernent le pays. La situation est anormale, et inacceptable, d'autant plus dans un pays où l'on revendique l'immense aspect culturel.
Pessimiste sur certains points, il évoque aussi quelques aspects plus optimistes, et en particulier celui de la culture-monde. Il fait la liste de nombreux artistes qui représentent la culture française dans le monde : les auteurs qui sont venus chercher le français et qui sont venus habiter en France, les auteurs français qui sont partis de France pour exporter notre langue, les acteurs ou actrices comme Marion Cotillard, et désormais Jean Dujardin qui représentent la culture française à l'étranger, et beaucoup d'autres encore. Comme dit Olivier Poivre d'Arvor : "La France, sans la culture, ce serait un bien petit pays."
Dans le deuxième chapitre, il donne son avis mitigé sur le Centre Pompidou mobile, et montre donc toute l'ambiguïté de ce débat. Oui, le musée mobile est une bonne chose : les gens ne vont pas au musée, donc on leur apporte la culture au pas de leur porte. Mais, l'effet produit serait faible, car "sans mystique, l'art et la science perdent tout de cette valeur symbolique, si indispensable pour en mesurer le prix." Que faire alors ? C'est toute la question.
Cet essai, cet état d'urgence engagé pour la culture, d'Olivier Poivre d'Arvor est plutôt vrai dans son ensemble, et évoque des points clés concernant la faible importance qu'on accorde à la culture aujourd'hui. Le thème du Centre Pompidou mobile montre aussi, au milieu d'autres points, que le débat n'est pas si simple, et que les politiques doivent s'éveiller un peu et proposer des solutions concrètes aux nouvelles générations d'artistes qui demandent à être connu, et qui surtout le méritent.