Riaru Warudo Titre américain : "Real World" Traduction de l'anglo-américain : Vincent Delezoide
Extraits Personnages
Une fois de plus, un texte qui nous parvient par le biais de la traduction d'une traduction ! Franchement, quand les éditeurs français comprendront-ils que, même s'ils y trouvent certainement leur profit personnel, cela lèse le lecteur ? Déjà, si habile qu'elle soit, une traduction laisse toujours passer quelque chose mais alors la traduction d'une traduction ! Surtout quand on a une certaine notion de la langue japonaise, si nuancée, si pointilleuse, et qu'on connaît assez bien l'honnête pragmatisme de l'anglais moderne ! De telles pratiques sont, répétons-le, condamnables.
Beaucoup plus court que "Out" et "Monstrueux", "Le Vrai Monde" reprend lui aussi le prétexte d'un assassinat atroce - le meurtre d'une mère par son fils adolescent - pour dénoncer les excès d'un système. Kirino nous permet d'entendre les critiques sur le système scolaire japonais à la base la plus concernée par ces critiques, à savoir les adolescents. Des adolescents qui, à l'issue de la crise provoquée par le crime, passeront à jamais à l'âge adulte.
Si, comme nous, on a lu "Monstrueux" juste avant "Le Vrai Monde", le discours semblera assez désagréablement répétitif. On pourra même avoir l'impression que l'auteur écrit à dessein sur un thème qui, dans son pays, doit cartonner. Ce qui est peut-être exact mais, en l'absence d'une traduction directement issue du japonais, nous ne le saurons jamais.
Au compte des points forts de ce roman, on mettra des héros - les quatre adolescentes et le jeune tueur - assez finement analysés. Leur malaise, cet étouffement progressif qu'ils ressentent au coeur de la société, ce gouffre qui se creuse entre eux-mêmes et le monde des adultes, à commencer par celui de leurs parents, tout cela est pour ainsi dire palpable. D'une manière différente de la jeunesse occidentale mais de façon tout aussi grave, la jeunesse nippone donne l'impression d'une petite planète qui, brusquement, s'est vue arrachée à son orbite naturel et protecteur (l'axe parental et familial, très important dans la culture japonaise) pour se retrouver propulsée dans une solitude aux proportions intersidérales.
Pour y échapper, certains choisissent la violence et la Mort, tant pour les autres que pour eux-mêmes.
Néanmoins, ici encore, nous ne recommanderons la lecture de ce livre qu'aux inconditionnels de Kirino Natsuo. ;o)