C'est un curieux clip de pré-campagne que l'UMP a publié samedi 28 janvier. Son titre, le courage donne de la force, serait le prochain slogan du candidat Sarkozy.
La video enchaîne des extraits du débarquement de Normandie, des images officielles du général de Gaulle avec Winston Churchill, puis sur les Champs Elysées le jour de la libération de Paris en 1944, ou avec le chancelier Adenauer. On y voit aussi André Malraux célébrant Jean Moulin, le chancelier Helmut Schmidt serrant les mains de Valérie Giscard d'Estaing, François Mitterrand avec Helmut Kohl à Verdun en 1984, ou Jacques Chirac rendant hommage aux victimes de la rafle du Vel d'Hiv. On entend Simone Veil présenter la loi éponyme légalisant l'avortement en 1974.
On y voit même quelques extraits du Tour de France et du marathon de Paris, de pompiers luttant contre un incendie de forêt, d'ouvriers ou d'agriculteurs, de soldats français en Afghanistan, une mère retenant son fils de traverser au feu vert, des pêcheurs en pleine tempête.
Quelques verbes apparaissent en surimpression, sans soin particulier sur
la typographie (affronter, reconstruire, se dépasser, lutter,
travailler, unir, protéger, oser). La musique de fonds rappelle
brièvement l'air de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 et son «
ensemble, tout est possible ».
Dans ce clip, Nicolas Sarkozy reste étonnamment en retrait. Tout juste apparaît-il au milieu, lisant un hommage funèbre, sous la pluie, devant la tombe de soldats français tués en Afghanistan « vous n'êtes pas mort pour rien car vous vous êtes sacrifiés pour une grande cause ». Puis on l'entend, en voix off, sur l'image d'une petite fille en équilibre sur une barre de gymnastique: « c'est le courage qui donne la force d'agir ».
C'est tout, il n'y a aucune autre illustration de ce quinquennat. Rien que les communicants de l'Elysée n'aient jugé digne de figurer à côté des grands moments depuis la guerre.
Le premier message de ce clip est subliminal: la crise n'est pas de sa
faute. Comme la seconde guerre mondiale, la catastrophe vient de
l'étranger. La seconde idée est qu'il n'a pas de bilan à proposer sauf quelques discours grandiloquents écrits par Henri Guaino.
Le courage donne la force par ump
Sarkozy a-t-il honte de son bilan ?
Nicolas Sarkozy n'est peut-être pas fier des sommets européens ratés, de l'échec de la régulation financière, de la disparition d'un million d'emplois en 4 ans, des rafles de familles sans-papier à la sortie des écoles, du discours de Grenoble et du ministère de l'Identité nationale, de l'espionnage politique version Squarcini et du dîner du Fouquet's; des légions d'honneur lâchées comme des hochets à ses proches et du colonel Kadhafi reçu en grandes pompes à l'Elysée. Il a sans doute honte de l'envolée de la pauvreté, des morts quotidiennes de sans-abris, de la désindustrialisation accélérée de l'économie.
A l'automne 2006, un autre clip de pré-campagne circulait sur les réseaux. Il s'intitulait Le Vrai Sarkozy et fut visionné plus de 2 millions de fois. Ses promoteurs furent accusés d'anti-sarkozysme primaire. Et le candidat du Fouquet's fut quand même élu avec 53% des suffrages exprimés en mai suivant.
A le revoir, plus de 5 ans plus tard, on peut-être frappé. Le portrait était juste mais incomplet. Nous savions que Nicolas Sarkozy était clivant. Nous avions sous-estimé son incompétence. Son bilan contre la délinquance est désastreux.
Le courage donne la force d'agir, nous dit-on aujourd'hui.
Nicolas Sarkozy a si peu agi qu'on peut questionner son courage. Il fait preuve du courage des puissants, fort avec les faibles, faible avec les forts.
C'est tout.
Ami sarkozyste, où es-tu ?