Torres © L'Olivier 2012
Ils sont trois. A moitié laids, à moitié noirs, à moitié sauvages. Ils ont les cheveux bouclés, la peau mate et le corps maigre. Ils, se sont des frères. Il y a Manny, 10 ans, Joel, 8 ans, et le narrateur, le cadet, âgé de 7 ans. Leurs parents étaient des ados quand Manny est né. Ils ont abandonné l’école avant l’accouchement. Aujourd’hui, Ma travaille à l’usine et Paps navigue entre les petits boulots. A la maison, ils s’aiment, s’engueulent et se battent. Les gamins, eux, en veulent toujours plus : plus de bruit, plus de cris, plus de jeux, de sang, de chair et de chaleur. Le père les corrige à coup de fouet mais il peut aussi se montrer étonnamment complice avec ses fils. La mère quant à elle se désole de voir ses enfants grandir et lui échapper. Une vie de misère, animale, sauvage, où le drame n’est jamais bien loin…La prose est sèche comme un coup de trique. Pas d’emphase, pas de grandiloquence, tout est gratté jusqu’à l’os. Les chapitres courts et percutants donnent un rythme saccadé, proche de la poésie ou du slam. Les scènes marquantes s’enchaînent et le lecteur est en apnée jusqu’au dénouement final qui le laissera groggy, sonné par cette terrible nuit où la vie de la famille a basculé.
Premier roman et coup de maître pour Justin Torres. Sa voix raisonne avec force et emporte tout sur son passage. Sans concession, Vie animale est un récit féroce qui ne plaira pas à tout le monde. Pour moi, ce fut un vrai plaisir de lecture !
Vie animale, de Justin Torres, Éditions de l’Olivier, 2012. 142 pages. 18,00 euros.