J’ai hésité à publier ce billet en plusieurs articles différents et donc, pour chaque article, à faire des zoom sur un ou deux cas. Mais la promesse de publier l’article me tenait et je devais prendre plus de temps pour le finir. J’ai donc opté pour autre chose. Les domaines dans lesquels ca bouge avec quelques illustrations d’idées concrètes qui fonctionnent. N’hésitez pas à réagir si vous connaissez d’autres idées.
Les FOAD
C’est sans aucun doute le « number one » des affaires en ligne en Afrique. Les FOAD ce sont les Formations Ouvertes A Distance. Elles se sont révélé un excellent moyen d’apporter une partie de la réponse à la demande de plus en plus croissante de formation de qualité, notamment à l’Etranger. L’Afrique du Sud est certainement la meilleure référence en Afrique avec le très ambitieux Institut for Open distance Learning. Les étudiants se comptent en dizaine de milliers pour une offre qui couvre tous les cycles, y compris les cycles de PH. Les moyens de paiement sont essentiellement online, mais ils acceptent également des virements bancaires ou même des dépôts sur compte.
En Afrique Francophone, dans le domaine universitaire, les FOAD se sont surtout développé grâce au très stratégique apport de l’Agence Universitaire de la Francophonie. En Dix ans, l’AUF a réussi à faire intégrer les FOAD comme une démarche de formation sérieuse et crédible dans plusieurs institutions. Aujourd’hui, le maillot jaune de ces institutions est l’Institut International d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE). Plus de 15 formations à distance y sont ouvertes avec près de 2000 étudiants. Une plate-forme soigneusement mise en place avec l’appui de l’AUF permet la gestion des cours. Les paiements sont possibles par virement, transfert Western Union, dépôt. Pas de moyens de paiement en ligne pour le moment.
Un troisième type de FOAD est développé, c’est celui des formations qualifiantes. De ce côté, ça bouge assez peu dans l’Afrique francophone, mais quelques institutions, notamment en Afrique de l’Ouest y sont actives.
Je connais quelques jeunes projets qui sont en train de se spécialiser sur des FOAD qualifiantes et qui pourraient si elles sont sérieuses, reconfigurer l’univers de la formation qualifiante dans les pays dans lesquels ils sont présents.
Seul souci des FOAD, elles sont presque toutes encore trop élevés pour l’Africain moyen.
Le business de la traduction
C’est le second business online le plus développé. C’est un secteur qui est essentiellement informel. Plusieurs jeunes issus d’universités diverses en Afrique francophones se sont positionnés pour traduire vers le Français ou vers des langues étrangères : Hit parade des langues, l’Anglais et l’Espagnol. Cependant, des langues comme le Russe, le Chinois, l’Arabe, l’italien ou le Portugais ont aussi pignon sur rue dans ce marché.
Le mode opératoire de ce business est de s’enregistrer dans des sites spécialisés pour proposer ses services (parfois aussi un parent ou une connaissance peut faire de la recommandation auprès de structures qu’il connait). Ensuite le client et le traducteur font la négociation par mail, sur Messenger ou sur Skype. Le client envoie ses documents parfois avec des clauses de confidentialités et le traducteur fait son boulot et renvoie le texte. Le client paie en général par des moyens online. J’ai vu des traducteurs d’ailleurs négocier la réception des fonds dans les cartes de parents ou amis. Mais dans certains cas aussi, les clients paient par virement bancaire ou par transfert de fonds.
Il arrive que les traducteurs passent par des plates-formes et dans ce cas, c’est la plate-forme qui est l’intermédiaire entre le client et le traducteur pour garantir la confidentialité, le paiement, la qualité du document, etc. Un exemple de plate-forme est l’Agence de traduction.
Les agences de rencontre et plus
Cela ne court pas encore les rues étant donné que les sites de rencontre gratuits restent plutôt efficaces…et gratuits. Mais quelques gros noms commencent à sortir du lot comme acteurs du business des rencontres. Je passe les détails.
Dans la rubrique « + », la pornographique sur le net émerge de plus en plus comme un business en Afrique. C’est du côté du Nigeria qu’on trouve les principales industries présentes sur le net et en Côte d’Ivoire, les premières tentatives d’en faire un business en ligne sont les plus significatives pour l’Afrique francophone. Cela va certainement aller doucement, le voyeurisme n’étant pas vraiment dans les habitudes africaines et finalement, le marché étant surtout non africain.
Cependant une forme d’érotisme sur webcam prend de plus en plus de l’ampleur. Je me souviens d’ailleurs avoir rencontré une amie Malgache qui vivait en Europe et s’apprêtait à retourner dans son pays pour lancer le même business…Bien sûr, à Madagascar, ça aura du mal à marcher actuellement sur webcam vue la qualité des débits là-bas et finalement, l’amie a changé de vie…Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Là aussi, le marché est principalement non africain, les structures encadrant ce business étant essentiellement elles-mêmes basées hors d’Afrique.
Sexe et mariage font de toutes les façons partie de l’avenir du business sur Internet et leur décollage progressif laisse penser qu’ils prendront une certaine place. Là aussi, je passe les détails.
A prendre avec des pincettes….
Les portails d’annonces
Il en existe de deux sortes. Des sites d’informations spécialisées qui en général republient les informations de la presse, mais qui réussissent à attirer un nombre très important de visiteurs. Actuellement, presque chaque pays d’Afrique dispose d’au moins un portail de ce genre. Ces portails capitalisent sur le grand nombre de visiteurs et vendent sur leur site des espaces publicitaires. Et en général, la technique marche bien. On peut citer Gaboneco au Gabon, cameroonlink au Cameroun, nigerdiaspora au Niger, bref, il y’en a de plus en plus et partout.
Il y’a également les portails d’informations spécialisées qui diffusent des annonces payées. Le réseau “ca-bouge” présent dans une demi-douzaine de pays en est une des illustrations. Mais il existe encore des formes plus complexes qui fonctionnent presque comme des sites de référencement payants.
Les boutiques online
A côtés des boutiques online, les premières boutiques en ligne ont commencé à voir le jour. Pour le moment la plupart d’entre elles ne fonctionnement pas strictement comme celles qu’on connait ailleurs (Ebay ou Amazon par exemple), mais des mécanismes de proposition de biens à travers internet et de mise en contact de vendeurs avec des acheteurs ont commencé à se développer autour de plate-formes spécialisées. Globalement, on peut en distinguer de trois sortes.
- Les boutiques en ligne qui sont des espaces virtuels d’entreprises réelles : Ce sont en général des entreprises qui existent physiquement et qui ont un site web et certains de leurs produits sur le site web. La plupart de ces entreprises permettent alors au client des moyens de paiement en ligne. J’ai vu la belle expérience de ISEC au Burkina Faso (l’entreprise qui représente Canal Horizon au Burkina Faso). Ils offrent des moyens de payer les abonnements et les réabonnements directement en ligne par les cartes visas locales ou par paypal. Mais il y’en a de pareilles dans plusieurs autres pays.
- Les boutiques en ligne qui regroupent une pluralité de produits d’individus ou d’entreprises et qui les proposent sur un site web en ligne. Il s’agit là des tentatives de mettre en place des plate-formes de type Ebay. Les essais sont tatillons sur ce domaine, mais ils existent dans presque tous les pays (je n’exagère rien du tout…j’ai bel et bien noté que dans presque tous les pays d’Afrique francophone en l’occurrence, il y’avait eu des essais de ce type de portail). C’est le cas en Côte d’Ivoire du projet Ivoirelite. Je sais aussi qu’un projet au niveau de l’Afrique Central est dans les starting block par des entrepreneurs camerounais et gabonais; bref, il y’a une vraie volonté de la part de quelques personnes de passer le cap et il serait peut-être temps de s’y mettre. Dans cette catégorie, il serait anormal de ne pas citer les boutiques artisanales online qui commencent à pulluler. Le seul hic, c’est qu’elles sont majoritairement destinés à un public non Africain et leurs prix sont généralement en euros ou en dollars.
- Les boutiques en ligne qui reposent sur des plate-formes intermédiaires et qui sont moins des boutiques en ligne que de véritables foires en ligne. Il s’agit souvent de mailing list, de sites d’annonces, etc. Sur dakar-ca-bouge par exemple, des produits de tous genre sont vendus par des particuliers. Lors de mon dernier séjour à Dakar, j’ai pu constater par moi-même l’efficacité de cette méthode de vente avec des vendeurs particulièrement accrocheurs. Le principe utilisé sur ce site comme d’ailleurs sur la plupart des espaces web de cette dernière catégorie est de diffuser l’annonce avec les contacts téléphonique et mails du vendeur. Le client prend contact avec lui et la transaction est en général plutôt physique que virtuelle.
Les petits logiciels
Si vous êtes comme moi fan de scrabble et que vous avez l’habitude de jouer en ligne vous connaissez peut-être la plate-forme Scrabble Pro. C’est rien de moins que la seconde plate-forme de scrabble en ligne la plus populaire (après Yahoo jeux). Savez-vous qu’elle a été mise sur pied par un Africain alors qu’il était encore étudiant dans son pays natal, le Cameroun ? aujourd’hui, c’est simplement une affaire qui marche en ligne et qui a d’ailleurs été reprise par une entreprise européenne.
Vous êtes aussi peut-être comme moi, un utilisateur passionné des logiciels libres et de Linux…Vous connaissez donc sans doute la plate-forme Ubuntu…je télécharge les différentes mises à jour avant leur sortie officielle, tellement j’en suis accro. Vous serez peut-être étonné de savoir qu’elle appartient à des Africains et que la Fondation qui s’en occupe est en précisément Sud-Africaine.
Le monde logiciel est le premier dans lequel les africains se sont lancés en affaires sur le net. L’évolution des logiciels online a rapidement permis que certains développent des petites affaires prospères. Vous serez étonnés et même surpris de savoir combien de businessmen africains sont derrière tous ces logiciels que vous achetez sur vos produits Mac, android, Linux ou même Microsoft…J’ai tous ces petits jouets chez moi et je m’amuse de temps à autre à découvrir qui est derrière quoi. Essayez, la surprise sera bien grande et vous inspirera peut-être pour lancer votre propre affaire dans le domaine.