Voici une saga imaginaire intitulée AU BUSARD DECHAINÉTout le monde connaît l’engouement actuel pour les restaurants musicaux.
Melchior en connait un à Paris qui a la mauvaise habitude de laisser ses fenêtres ouvertes jusqu’à deux heures du matin !
Il s’appelle le Busard.
En fait, il n’a de musical que le qualificatif : le tam-tam amplifié y règne en maître toutes les nuits et joue 3 ou 4 notes, toujours les mêmes, en continu, sans aucune pause et de façon assourdissante. Ainsi jusqu’à son heure de fermeture, il prive de sommeil les habitants du voisinage.
Si quelques-unes des pages suivantes peuvent changer les idées des victimes de telles nuisances sonores, tant mieux !
Melchior, lui, s’est bien amusé à trousser cet exercice de style !
Préambule :
Voisins de sa rue
Ne restez plus
Les souffre-douleur du Busard,
Ce caboulot braillard
Qui règne au carrefour
Et vous empêche de dormir !
Ripostez avec bravoure !
Toutefois, sur ce sbire
Ne lancez pas des nains.
N’allez pas
Jusque-là,
Ce n’est pas humain !
N’envisagez pas
Non plus, n’est-ce pas
De jeter des pétards
Sur la vitrine de ce bar.
Vous aggraveriez la situation :
Bruit sur bruit…
Vous comprenez !
Non, retenez
Cette formule
A l’unanimité :
Contre la façade de l’estaminet,
Balancez
Des boules puantes
Du crépuscule à minuit
Environ soixante à quatre-vingt-dix huit
Voilà qui le forcerait,
Séance tenante,
À éteindre sa sono.
Et les clients accros
Iront faire chabrot
Ailleurs.
Que du bonheur !
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Voici le début ces quelques 20 pages d’élucubrations.:
Café-trottoir
Les tables du Busard, ce soir,
Envahissent le trottoir.
C’est l’été mais c’est gênant
Pour les passants.
En guise de mise en bouche, grapillons
Au passage, quelques édifiantes conversations.
-Quoi de neuf les nanas ?
-Et vous les gars, çà va ?
-Tournée générale De Gaulle !
Commande un quidam.
Tout le monde rigole,
Sauf sa femme
Qui n’a pas compris.
Ta glace, tu l’as pas finie…
-Toi qu’ es espagnole,
Tu pourrais m’apprendre le paso-doble ?
-Et comment va ta sœur ?
-Passes-moi le sel.
-Fais voir le beurre.
-Tu fais quoi à Noël ?
-C’est quoi c’t’odeur, hein ?
-Mon parfum !
-Heu…Pardon,
J’suis con.
-Manges-pas avec les doigts, faut pas
-Guerchouine, son concerto en fa,
Une merveille !
-Connais-pas, dis Mireille.
-Bon, alors on dîne ?
-C’est farci à quoi vos aubergines ?
S’inquiète une Janine.
Un mec crie bien fort :
-Garçon ! Sur vot’ plateau de fromages
Y a-t-y du roquefort ?
Non ?... C’est dommage.
Un africain, en sabir
Commande trois kirs.
A une table voisine :
-Ce vin, c’est pas d’la bibine.
-Ha ! Que non ! C’est du Léo Lagrange.
Il voulait dire : «Château Lagrange.»
Le « sportif » en rajoute une couche :
-Il est long en bouche…
A côté, le serveur,
En blazer
Demande : -« Et comme dessert
Qu’est-ce que je vous sers ? »
-Pour moi ce sera un baba
-Et avec çà ?
-Un déca.
Et patati et patata
"Vous trouvez q’çà
Fait trop, tout çà ?...
Attendez ! Le disc-jockey
N’est pas encore arrivé !"