C'est comme ça qu'on devrait l'appeller: Falardeau Philippe.
Parce que chez nous, il y en eu un autre Falardeau de pas mal connu, et aux mêmes initiales en plus.
Dans le même médium.
Mais avec une signature tout à fait différente.
Ce qu'ils ont en commun toutefois: L'intérêt politique.
Phillipe, né à Hull en 1968, a étudié en sciences politiques et en relations internationales à l'Université d'Ottawa de 1985 à 1989. Il en ressort avec la médaille d'argent ainsi qu'une bourse méritoire pour sa diplomation.
Il travaille ensuite deux ans en tant qu'analyste politique pour la Fédération des francophones hors Québec, d'où il écrit Hier, la francophonie, un survol historique de la diaspora francophone canadienne. Bien qu'inscrit à la maîtrise en relations internationales à l'Université Laval en 1991, il quitte presqu'aussitôt lorsque choisi comme candidat à La Course Destination Monde à l'antenne de Radio-Canada. Il gagne le grand prix de la course et rafle aussi le prix du Centre de recherche pour le développement audiovisuel.
Il travaille quelques années comme réalisateur sur la version française (de France) de Surprise Sur Prises avant d'être caméraman sur le documentaire de Marie-Claude Harvey Attendre. Le documentaire d'Harvey traite de la situation au Sud-Soudan et est produit par l'Office National du Film. Il tourne par la suite un court-métrage satirique sur l'immigration asiatique appellé Pâté Chinois en 1997.
Avec les années 2000 Falardeau devient encore plus habile.
Il tourne La Moitié Gauche du Frigo, film brillant, qui raconte l'histoire de deux co-locataires qui choissisent de faire un documentaire sur l'emploi. L'un des deux est à la recherche d'un boulot et le documentaire éprouvera les liens d'amitié qui les unissent. La caméra vidéo du co-loc suit l'autre à chaque entrevue d’embauche, dans les séminaires de formation à la recherche d’emploi et dans les rencontres avec les conseillers en placement. Le cinéaste obtient les moyens financiers de s’adjoindre une équipe technique. Plus l’espoir du chercheur d'emploi diminue, plus le tournage s’étire en longueur en n’épargne aucune sphère de sa vie de chômeur. Son flirt avec une caissière, ses loisirs et même son sommeil, tout est filmé. Pour le réalisateur en herbe, dorénavant intéressé par les congédiements massifs, la sous-traitance et les intérêts égoïstes des compagnies, le projet limité au début devient un tremplin politique qui finit par nuire à la recherche d’emploi de son ami.
Drôle, fin, brillant film.
Prix de la meilleure première réalisation canadienne au Festival de Film de Toronto.
Prix Claude-Jutra aux Génies qui récompensent le cinéma canadien.
Prix Jutra du meilleur acteur à Paul Ahmarani.
6 ans plus tard, c'est une co-production avec la France mettant en vedette Olivier Gourmet et encore Paul Ahmarani, Congorama, qui retient l'attention de tout le monde. Le film nous présente un inventeur belge, fils d’un écrivain paralysé dont il s’occupe, marié à une Congolaise et père d’un enfant noir à qui il assure que coule dans ses veines le même sang que dans les veines de son père. Il apprend à 41 ans qu’il est adopté. Il est né dans une grange au Québec à Sainte-Cécile. À l’été 2000, l'inventeur voyage au Québec pour y vendre une de ses inventions et se rend à Sainte-Cécile. Dans sa quête improbable d’une filiation sans trace apparente, il croise un homme au volant d’une voiture électrique hybride. Ils ont un accident qui changera leur vie.
Magnifique film, sélectionné pour la quinzaine des réalisateurs à cannes et gagnant de 5 Jutras cette année-là, dont les statuettes du "meilleur film", "de la meilleure réalisation" et "du meilleur scéanrio".
Deux ans plus tard il adapte avec brio deux livres de Bruno Hébert avec C'est Pas Moi Je Le Jure.
En août dernier, il adapte une pièce d'Évelyne de la Chenelière en nous présentant Monsieur Lazhar, film qui raconte l'histoire d'un Algérien de 50 ans qui va prendre en charge une classe de 6e année à la suite du décès de leur institutrice. Bachir Lazhar tissera des liens forts avec sa classe, mais ce dernier cache un lourd secret.
Son prochain projet traitera des bagarres dans le monde du hockey de la LNH.
"From Canada, Mészieu Lézar..." a dit la jeune bimbo mardi dernier au matin à Hollywood quand elle a annoncé les nominations aux Oscars du meilleur film tourné dans une autre langue que l'anglais.
Si Phillipe Falardeau gagne la précieuse statuette le 26 février prochain, prix dont il n'a pas besoin pour que l'on admire son talent, je ne souhaite qu'une seule chose.
En fait comme je sais que le film a peu de chances de gagner mais que les nombreuses nominations françaises autour du film français The Artist donneront la chance de faire monter sur scène un français.
Je souhaite donc que l'un d'eux prenne le temps de parler français au micro tout en soulignant aux ricains que croire que cette langue est celle du diable c'est nager dans la démence.