Auteur :Eli Esseriam
Editeur :Matagot/Nouvel Angle
Prix : 14,90€
Résumé :
La fin du monde est proche. Ils sont quatre jeunes de 17 ans : Alice, Edo, Maximilian et Elias. Ils sont les Cavaliers de l'Apocalypse. Ils n'épargneront que 144 000 âmes. En ferez-vous partie ?
« Je me suis éloigné tranquillement et, dans mon sillage, le ciel continuait de se déchaîner, la terre n’en finissait pas de se lézarder, d’éclater comme un fruit trop mûr. La nuit avait l’air d’un trou béant qui avalait tout.Je suis remonté sur ma moto et j’aurais pu jurer que, sous sa roue arrière, le bitume crevait. Les flammes couraient derrière moi et embrasaient les vignes, les arbres, les maisons. Pas pour me rattraper et m’allumer. Plutôt pour m’escorter. La traîne de la mariée, la dentelle en moins, les cris et la mort en plus. Après moi, le déluge, comme dirait l’autre. L’autre, en l’occurrence, c’était moi.»
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*cri de rage et d'excitation*
Je crois que je vais devoir écrire cette chronique sous forme de lettre à Eli Esseriam. Je n'arrive pas à imaginer comment parler autrement de ce livre.
Et puis, je suis du genre traditionnelle, si je dois demander la main de quelqu'un (oui, même à un livre), je préfère la demander officiellement à son créateur. Car oui, il s'agit véritablement d'amour ici, de passion dévorante pour cette histoire qui me prend aux tripes et au coeur.
Donc, je commence.
Très chère Eli.
Tu permets que l'on se tutoies ? Après tout, avec toutes les émotions que tu m'as fait ressentir dans cette lecture, je pense que cela s'y prête bien, un certain degré d'intimité ayant été franchi.
Pour replacer les choses dans leur contexte, je te rappelle que ton premier tome, celui d'Alice, fut mon gros coup de coeur de 2011, se plaçant tout naturellement en première place de mon podium personnel. J'ai été séduite (euphémisme) par le génie glacial du Cavalier Blanc et de sa terrible évolution tout au long de ce récit.
Tu nous présentes donc ici Edo, jeune homme violent, fort et grande-gueule, passant son temps entre des combats clandestins où l'issue est la mort, et des moments privilégiés avec son petit frère Aden.
Déjà, un premier bravo pour ce personnage complètement singulier auquel tu as donné vie. Je n'ai pas pu faire autrement que m'attacher à lui dès les premières pages, cette brute qui ne connaît que la rage et la colère en lui, et dont la seule oasis émotionnelle est ce petit frère déjà bien malmené par la vie.
Perso, j'ai complètement craqué, et je suis sûre que de nombreuses lectrices seront du même avis que moi.
Bien entendu, son humour blasé et ses répliques acérées y sont également pour beaucoup. Qu'est-ce que j'ai adoré assister à ses joutes verbales, avec le peu de personnes qui osent se frotter à lui pour ces exercices de style.
Comme avec Alice, c'est un élément du livre que j'ai trouvé tout bonnement délicieux. Les dialogues sont tellement savoureux, c'est à s'en pourlécher les babines.
Mon petit plaisir ? Relire plusieurs fois quelques répliques cinglantes, et fermer les yeux un instant pour prendre le temps de les savourer.
Un pur régal qui m'a autant fait sourire que pleurer, ou même proprement m'enrager.
Il n'y a pas à dire, tu sais comment susciter des sentiments violents et profonds chez tes lecteurs !
En parlant de ces sentiments intenses, ils sont plus que jamais présents avec Edo.
Avoir fait de cet être presque uniquement remplis de haine et de fougue, un Cavalier doté du don d'empathie capable de manipuler les émotions des gens, c'est juste brillant.
La façon dont il va découvrir cette habilité, et comment il apprendra à s'en servir au fil du temps, est aussi incroyable (si pas plus) que celle d'Alice.
Lui aussi devra passer par bien des épreuves, des douleurs, des pertes, des déceptions, avant d'en apprendre plus sur lui-même et ce qui l'attend.
Un véritable apprentissage dans la douleur, le sang, la crasse.
Car faut pas croire, bien que tu l'as doté d'une sacré belle gueule et d'un bagou à mettre en pâmoison les p'tites gonzesses, tu ne l'épargnes pas un seul instant !
Après tout, tu aurais pu facilement tomber dans le cliché, vu qu'il vient d'une famille pauvre qui vit dans un squat et que ses combats clandestins, c'est surtout pour rendre la vie de son petit frère un peu moins merdique.
Sauf que tu n'aimes pas faire les choses comme les autres, ou édulcorés les décors, je me trompe ?
Tu n'épargnes rien au lecteur, et tes scènes sont écrites sans fioritures, avec un naturel désarmant et presque cru. Parce que c'est comme ça qu'est la vie, non ? Ce n'est pas comme au cinéma, il n'y a pas de jolies musiques ou de maquillages réalistes. Les blessures font hurler, la mort est sale et on est souvent seuls pour affronter le deuil et la misère.
Je parle beaucoup de tout ce qui est sombre, ce qui tache, ce qui fait pleurer et serrer les poings. On pourrait croire, du coup, que ton histoire est négative et plus déprimante qu'autre chose. Je rassure les futurs lecteurs en leur disant que tu as su donner un éclat éblouissant à ton livre, justement en la mettant dans un environnement si noir.
Après tout, n'est-ce pas aux heures où la nuit est la plus dense que la moindre bougie se fait aussi lumineuse qu'un flambeau ?
De la même façon qu'Anel est une bouffée de bonheur pour Edo, tu arrives à nous offrir des petits instants bourrés d'espoir et de beauté, juste assez pour nous abreuver suffisamment de joie et accrocher un sourire à nos lèvres. Et c'est bien parce que ces moments sont très rares qu'ils deviennent si incroyablement précieux, on les chérit de tout notre coeur quand on croise leur route.
Je n'ai pas ton talent pour l'écriture (le tient est tout simplement indéniable et bluffant, forçant le respect et me laissant bouche bée, pantoise), donc, hélas, je ne crois pas que j'arriverais à véritablement retranscrire ici tout ce que tu as pu me faire ressentir en moins de 300 pages.
Il y a une telle force qui se dégage de ces pages, une telle rage qui suinte de Edo et qui transpire dans toute l'ambiance de ton bouquin.
Comme ton héros, tu ne fais pas de chichis, tu n'y vas pas par quatre chemins et tu ne te perds pas en tergiversions inutiles. Tu va droit au but, il y a une franchise dans ton écriture, une fraîcheur désarmante et violente, qui bouscule, qui interpelle. Je me suis retrouvée estomaquée plus d'une fois, le souffle me manquant à la lecture de certains passages.
Pour ça, si tu me le permets, j'ai envie de dire que tu es une auteur qui en as une sacrée paire dans le pantalon.
Je ne sais pas comment mieux exprimer ça. Tu oses aller là où on n'a pas l'habitude d'être entraînés, tu nous secoues en nous montrant parfois ce que l'on aimerait mieux ne pas voir. C'est parfois choquant, mais toujours nous te ressentons près de nous, nous tenant la main pour que la pilule passe mieux, et tu nous susurres que ça va aller. Même si il y a peut-être pire encore après, ça va aller.
Tout cela à un but, et même si tes héros ou nous avons parfois du mal à avoir une réponse à cette question universelle "Pourquoi ?", on sait que tu leur réserve quelque chose, peut-être pas qui justifiera tout ça, mais qui donnera sûrement quelques réponses à ces âmes torturées, blessées.
C'est un livre percutant et émouvant, plein de nuances, assez paradoxal, incroyablement intelligent, qui vous procurera une claque d'une force inouïe. Et vous savez quoi ? Vous en redemanderez.
J'ai été amoureuse de Alice. Je suis amoureuse de Edo. Je crois bien que je suis tombée irrévocablement amoureuse de tes livres.
Leurs personnages, leurs ambiances, leurs décors, leur violence, leur beauté, les dialogues qu'ils contiennent (Ho bon sang, ces dialogues, je pourrais écrire des haïkus en l'honneur de ces dialogues, alors que c'est même pas mon truc, les haïkus), les sourires qu'ils ont fait naître sur mon visage, les larmes qu'ils ont fait jaillir de mes yeux, les montagnes russes qu'ils ont fait vivre à mon coeur et à ma tête.
Ils m'ont submergés dans un maelström d'émotions, et même plusieurs jours après avoir les avoir refermés, tremblante, ils me hantent et occupent une grande place dans mes pensées.
Alors, Eli, je te le demande officiellement, un genou à terre et les yeux brillants d'attente fiévreuse.
Puis-je épouser tes livres ?
Je pourrais me perdre en remerciements sur de nombreuses lignes pour les éditions Matagot/Nouvel Angle qui ont jouées le rôle d'entremetteuses dans cette grandiose histoire d'amour entre Apocalypsis et moi.