C’est peu dire qu’un effort du collectif nantais C2C était attendu depuis fort bien longtemps par les fans. Depuis le succès critique d’Hocus Pocus finalement. Pour les néophytes, des présentations s’imposent. C2C c’est quatre DJ’s virtuoses, férus de musique et expert de turnbalism, discipline dans laquelle ils ont remporté par quatre fois le championnat du monde DMC. Quel rapport avec Hocus Pocus ? Et bien tout simplement parce que Grems et 20syl en sont les fondateurs et créateurs musical. Mais les deux autres protagonistes du collectif ne sont pas en reste puisqu’ils se sont réunis derrière l’identité Beat Torrent, qui a aujourd’hui sa petite renommée.
C’est grâce donc au succès de ces deux formations que s’est crée une attente autour d’un projet studio pour C2C, projet aujourd’hui concret.
Down the Road est un EP visant à introduire le quatuor sur le marché et servant ainsi de test pour nos amis nantais. On connait la difficulté de création studio dans l’univers du turnbalism avec Birdy Nam Nam par exemple. Mais la bande à Pone s’est au final rapproché d’un univers électro assez tortueux alors que la mission de C2C est de « vulgariser » la discipline pour le grand public dans un style plus hiphop.
Et s’il y a bien quelque chose pour laquelle on doit s’incliner, c’est bien cette réussite. Avec l’énorme single éponyme, Down the Road, C2C s’assure une certaine exposition et on peut déjà parier avec vous que le morceau sera réutilisé à outrance dans des spots publicitaires ou des jingles d’émissions télé. Ambiance blues, scratch, sample, guitare électrique, saxo, la recette est ultra-efficace et la création du morceau formidable (bah oui, faut pas oublier que le principe du turnbalism, c’est de créer à partir de plusieurs samples sur des platines).
C2C – Down the Road
Même topo avec Arcades, meilleur morceau de l’EP. Entre racine rap, musique classique baroque et sample pop, les quatre mecs ont fait un énorme boulot pour donner naissance à un titre proche de l’électro des années 80 et de l’univers des jeux vidéos d’antan (d’où certainement le titre…).
C2C – Arcades
L’autre point inévitable, c’est l’influence majeur de 20syl sur le reste des troupes. Si on ne doute pas que chacun occupe une place importante vis à vis des autres, la patte du rappeur/beatmaker d’Hocus Pocus est quand même reconnaissable entre mille.
Notamment sur Someday qui aurait très bien pu se retrouver sur un album d’HP plutôt qu’ici. Une ambiance soul/lounge à souhait où la place du sample est prépondérante, comme elle l’est très souvent dans des productions rap traditionnels.
Et le constat est quasi identique pour The Beat. Même si le rythme est plus soutenu et plus street, la construction est quasi-identique. Alors ça prouve bien sur le génie musical de Sylvain, et on en est très content. (ON/cynisme) Mais surtout ça l’éloigne du micro, et là, on en est encore plus content (OFF/cynisme).
C2C – Someday
C2C – The Beat
Cet EP, c’est l’occasion de voir aussi bien la richesse technique que musicale du collectif. En allant piocher dans toutes leurs influences, ils parviennent à créer un ensemble cohérent et c’est bien là que réside toute la considération qu’ils méritent. Le meilleur exemple avec le dernier titre, F.U.Y.A, espèce de milles-feuilles musicale à plusieurs couches qui va d’un violon à une ambiance orientale en passant par des bribes de marche militaire qui côtoie une influence dubstep.
C2C – F.U.Y.A
Alors, comme pour BNN, on sait que c’est surtout la déclinaison live de ces morceaux qui vaudra le plus le détour mais la réalisation studio est déjà elle-même très bonne. Se pose maintenant la question du passage à l’album. Est-ce que le cap n’est quand même pas un poil trop ambitieux puisqu’il faudra redoubler voir retripler d’efforts pour parvenir à servir un album entier de même qualité. Et, il faudra des titres du calibre des deux premiers pour réussir ce projet. Pas une mince affaire mais on peut faire confiance au génie des quatre nantais pour sortir des tours de passe-passe de magicien des platines.
NOTE