Rencontre avec yasmina khadra

Par Geybuss

C'était il n'y a pas très longtemps, le 18 janvier....4 ans jour pour jour après mon AVC que Yasmina Khadra est venu à Rennes. De ce fait, je ne me suis aperçu que le lendemain que j'avais oublié ce "triste anniversaire", que j'étais peu être enfin en train de passer à autre chose, en tout cas de plus en plus...

Cette fois ci, le directeur de la librairie Le failler m'avait prévenu sacrément à l'avance de la venue de cette éminence littéraire.... Alors, j'ai eu bien le temps de m'y préparer. En décembre, je lisais "L'écrivain" et en janvier, j'empruntais à la bib "L'équation africaine", dernier roman de l'auteur et sujet de cette conférence.

Sinon, de Yasmina Khadra, j'avais été bouleversé comme rarement avec le célèbre L'Attentat, dont personne ne sort indemne...

De Yasmina Khadra; on peut aussi lire, dans l'ordre ou le désordre : Ce que le jour doit à la nuit, les sirènes de Bagdad, l'imposture des mots, Les hirondelles de Kaboul, La part du mort, Cousine K....

Yasmina Khadra est traduit dans 41 pays...

Allez, je vous emmène avec moi au premier rang de cette conférence passionnante, d'un auteur talentueux doublé d'un grand homme, un humaniste comme on n'en fait pas assez !

 Comme d'habitude, ce petit compte rendu n'est pas exhaustif, puisque je ne suis ni secrétaire ni sténo dactylo !

Le conférencier  a demandé à Yasmina Khadra si, pour l'Equation Africaine (qui traite de la prise d'otage en Afrique), s'il s'était inspiré de la télé et de l'actualité...

Y.K : Si l'on se fie à la télé, on ne sort pas de l'auberge. Ce que l'on voit nous hante dans notre subconcient, mais cela ne livre pas le secret.

Par contre, j'ai été profondément choqué par les multiples suicides chez France Télécom, pendant que ma soeur luttait pour sa vie contre un cancer. La question, la vision de la mort m'a interpelé, tant en Afrique qu'en Occident. En Afrique, il y a une philosophie de la vie que je n'ai pas retrouvé dans le personnage de Kurt (le personnage principal de l'Equation Africaine). Kurt avait toutes les possibilités en mains alors qu'en Afrique, on a parfois même pas le droit d'avoir du talent... Le personnage de Kurt s'enferme dans sa bulle, comme le poisson dans son bocal qui ne se sent pas concerné par l'océan.

Le conférencier : Pourquoi avoir fait de votre personnage principal un allemand ?

Y.K  : Pour moi, l'allemand est celui qui connait le moins l'Afrique en Europe. Les allemands ont vécu la colonisation de façon superficielle. Certains allemands ne savent même pas qu'ils ont eu deux colonies en Afrique. J'ai donc choisi cette virginité devant le sujet.

Puis il fut sujet des pirates, responsable de l'enlèvement de Kurt et de son compagnon...

Y.K"Les pirates  sont des jeunes de la corne de l'Afrique, des pêcheurs, des tailleurs.... livrés à eux mêmes... Ils sont interpellés par la piraterie dans ce lieu du monde  où il ne se passe jamais rien et où les histoires d'otages et de pirates deviennent comme des feuilletons TV.... Et puis, ils s'y essaient....

Au départ, les enlèvements étaient liés au terrorisme. Mais comme des gouvernements ont payés, n'importe qui devient pirates. On n'est plus dans l'idéologie, on est purement dans l'atmosphère crapuleuse...

Le conférencier évoqua Joma, l'un des pirates... Je tais ici ce qui a été dit sur lui, car pour moi, cela tient du spoiler tant une révélation à mi roman a eu pour moi l'effet d'u coup de théâtre, m'a fait voir le roman complètement différement (voir mon billet sur le roman pour cela)

Le conférencier : on se rend compte que même dans un bourreau, il reste un peu d'humanité...

Y.K : N'importe quel bourreau garde toujours son humanité. On devient juste l'instrument d'une impulsion. On reste conscient mais emporté par une tempête, comme un grain de sable. On vit alors comme dans un autisme qui nous fait oublier ce que nous avons commis.

 

 

Le conférencier : L'un des grands sujets du livre est aussi le choc des cultures...

Y.K : Ce que nous sommes aujourd'hui, nous le devons à la rencontre de toutes les civilisations. Nous sommes une syntèse, il n'y a donc pas de choc de civilisations, mais il y a bien un choc des cultures. Nos différences sont une maturité pour nous enrichir. Mon personnage Kurt est dans ce que la télé lui a imposé et il n'est pas dans la caricature.Le personnage de Bruno de Bordeaux existe réellement.

moi : L'histoire et la rencontre de Bruno et Yasmina Khadra est un peu longue à raconter. Mais à une époque, au Mali, Yasmina Khadra était membre d'une association de "médiateurs" qui aidaient dans la gestion des conflits dans des régions comme le Mali, en cas d'enlèvements entre autre. C'est là que yasmina Khadra a découvert qu'il y avait de la soutraitance dans les otages, que les otages étaient source d'un véritable commerce. (ce sont là mes mots, de ce que j'ai retenu de ce moment de la conférence, sans pouvoir le noter sur le moment avec précision)

 Une tite photo prise par moi, dans le Sud du pays de

Yasmina Khadra.... un lieu unique au monde, un lever de soleil

innoubliable.

Y.K ; quand je vais en Afrique, je m'instuis tous les jours en écoutant le berger, le griot, je suis un buvard.

Le conférencier : Vous êtes vous approché de conditions humaines similaire pour écrire ce livre ?

Y.K : Non, je vis dans mes livres et dans mes personnages qui l'inspirent plus que le monde. Je m'efface devant mes personnages, je deviens leur nègre.

j'ai écrit un téléfilm pour la TV algérienne, un téléfilm intégralement payé par cette TV algérienne qui finalement est censuré par cette même chaine. Nous sommes saoules de mensonges.

Le conférencier : Les 50 ans de de l'indépendance de l'Algérie approchent. Allez vous participer aux événements ?

Y.K . Non, je vais éviter les événements autour de ça. Nul n'est prophète en son pays. Depuis 15 ans, il y a toujours une suspicion autour de moi. Mes pires énemis dans le monde sont les intellectuels Algériens. Par frustration ? Par implication dans les rouages politiques ????

 Alors, j'écris pour mes lecteurs. C'est l'auteur qui fait le livre mais les lecteurs qui font l'écrivain.

Il a été question aussi de l'islamisation "qui a le vent en poupe. C'est une gangrenne a qui tout réussi en ce moment, même les élections...." 

Avec l'Equation Africaine, Yasmina Khadra poursuit sa trilogie sur "le Grand Malentendu". Question de moi...

Vous allez continuer à écrire jusqu'à ce que ce malentendu soit dissipé ? Mais combien de tomes seront nécessaires alors ?

Y.K : Le malentendu est hélas vital maintenant par paresse intellectuelle devant la télé. Quand il n'y a pas d'ennemi, il faut en inventer un. Il y aura un malentendu tant que l'homme ne saura pas comprendre par lui même.

Le conférencier : Comment êtes vous venus à l'écriture ?

Y.K : Par effraction ! Non, je suis né pour écrire ! L'armée n'a fait que consolider cette vocation ! L'armée est aux antipodes de l'univers de l'écriture. Dans l'armée, on a une tête pour 2 raisons : pour porter un casque  ou pour se la faire couper... L'écriture n'était pas mon refuge mais mon royaume...

Et maintenant, passons à mes fameuses photos de ma non moins fameuse collections de photos "effets de main d'auteurs". Comme j'ai raté la plupart de mes photos ce soir là, je n'ai que l'embarras du choix qui se porte donc sur ces trois ci :

Et ma PAL, que dit elle ?  Bienvenue à