Magazine

J'haïs l'hiver

Publié le 27 janvier 2012 par Espritvagabond
"Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver".Vigneault a l'air de dire ça avec une certaine affection; le poète a l'air d'aimer ça, que son pays soit un pays d'hiver.Pas moi.
Je déteste vivre dans un environnement aux fenêtres fermées et givrées à moitié du temps. Je déteste ne pouvoir prendre de longues marches sans avoir les pieds dans la neige, la slush ou dans l'eau. Je déteste avoir à mettre des combines quand il fait -24, trois manteaux ou un gros manteau épais, je déteste avoir 6 kilos de vêtements sur moi, je déteste les tuques, les gants, les foulards, les capuches et les bottes. Je déteste avoir à passer un quart d'heure pour enfiler tout ça avant de sortir ou pour retirer le tout une fois rentré. C'est épuisant, surtout si on a juste oublié les petits pois à l'épicerie ou que l'on veut aller acheter Le Devoir le samedi matin.
J'haïs l'hiver.
"Mais l'hiver vient d'éclater, le Saint-Laurent est prisonnier d'un décembre qui va bien durer six mois".Dassin, un français, voyait bien que notre hiver est plus long qu'ailleurs.
Bien trop long.
L'hiver poétique, avec les jolis flocons par -3, comme dans une carte de Noël, c'est cute deux jours. Après ça, je suis fatigué et je m'en passerais bien. À partir de la mi-octobre, plus moyen de sortir sans s'habiller chaudement et il faut attendre le mois d'avril pour voir l'espoir d'une fin d'hiver se pointer. Puis il y a l'éclairage; le soleil se lève à 8h le matin et se couche à 14h. Déprimant. Avec les jours nuageux, la pluie, le verglas, la neige, le blizzard, même à en pleine heure du midi, on a l'impression qu'il fait nuit.
J'haïs l'hiver.
"J’haïs l’hiverMaudit hiverLes dents serrées,les mains gercées, les batteries à terreJ’haïs l’hiver".Dodo a raison, et les batteries à terre n'affectent pas que les voitures.
L'hiver, c'est fatigant.
Il n'y a pas que les vêtements lourds et encombrants, marcher dans les rues est pénible, ardu. Une simple course à l'épicerie prend des allures épiques. On dirait que les rues s'allongent au froid et que tout lieu se retrouve à des km plus loin qu'ils ne l'est en été. Quand on ne combat pas le pincement du froid, on tente d'éviter la grippe ou le rhume ou de prendre froid, on coule du nez, la peau devient sèche.
J'haïs l'hiver.
"Ah ben! Ah ben! Ah ben! Ah ben! C'est l'hiver!Je me souvenais pu de quoi ça avait l'airJe mesouvenais pu que c'était aussi frette".Contrairement à Dédé, je me souviens à chaque fois de quoi ça a l'air, l'hiver. Je sais à chaque fois que mes activités préférées vont être au ralenti pendant des mois; plus de promenades urbaines plaisantes, plus de festival en plein air (à moins de défier le froid, les engelures ou la pluie verglaçante), plus de concerts dans les lieux publics, plus de repas sur le balcon de l'appartement, plus de vie dans les rues, à part pour les pauvres bougres qui déglacent, déneigent et dégivrent leurs voitures, prises dans les bancs de neige ou pellettent l'entrée de leur domicile.
Car l'hiver, les gens s'enferment - on les comprend ! - Une simple sortie du cinéma devient une aventure, que l'on remplace souvent par un DVD. L'intérêt et l'énergie diminuent; même les blogues se font silencieux ou peu actifs, on visite moins les amis et les parents, on se lève avant le soleil par obligation, on le voit à peine de la journée, on serait aussi bien d'hiberner.
J'haïs l'hiver.
J'ai eu par le passé l'opportunité d'éviter une grande partie de l'hiver. Depuis deux ans, compte tenu de mes projets de voyage, j'ai décidé de tenter de me réadapter, en passant l'hiver ici, mais je dois me rendre à l'évidence, c'est un échec; et je sens que ça va prendre un bout avant qu'on ne m'y reprenne.
--

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Espritvagabond 1757 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte