On pensait le président du RC Toulon, Mourad Boudjellal, en délicatesse avec son fondement depuis la supposée "sodomie arbitrale", dont il assure avoir été victime le 8 janvier contre Clermont. Mais après sa comparution devant les "sages" de la Ligue nationale de rugby, qui n'avaient guère goûté sa saillie drôlatique, on se dit que, finalement, le trublion de la rade n'a pas eu si chaud aux fesses que cela. Certes, le voilà interdit pendant 130 jours par la commission de discipline de la LNR de poser son postérieur sur le banc de touche toulonnais. La punition a valeur de prescription médicale, le souci sans doute d'épargner son arrière-train endolori par l'assaut des hommes en noir en terre auvergnate il y a quinze jours… Le patron du RCT est aussi suspendu de vestiaire, une manière de le préserver jusqu'à la fin du printemps d'une éventuelle récidive du corps arbitral, qui peine souvent à contrôler ses ardeurs à mesure que s'approche le grand rut des phases finales du Top 14.
Mais bon, comme souvent avec les sphères dirigeantes du rugby français, la montagne a accouché d'une souris. Professionnalisme ou pas, les gros pardessus sont prompts à ressortir des placards chez les caciques de l'ovale. Car la peine infligée à l'auteur de cette formule digne du "Pilou-Pilou" a de quoi faire sourire. Priver de banc de touche ou de vestiaire un président où sa présence n'est guère indispensable, est aussi efficace qu'un cautère sur une jambe de bois. Là où Chabal a dû manger sa barbe pendant 60 jours et jouer les arbitres amateurs pour avoir tiré à vue sur les zèbres dans sa biographie, tout comme Caliméro Berbiz, condamné pour avoir porté atteinte aux mystérieux "intérêts supérieurs du rugby" après s'être rendu coupable de crime de lèse-Berdos, Boudjellal peut tranquillement continuer à se crèmer le joufflu. C'est son outrance verbale qui lui est reprochée, mais le fond du problème autour des arbitres reste posé.
Soit Boudjellal a tort sur toute la ligne et il fallait le sanctionner beaucoup plus durement. Soit il faut bien admettre que sa sulfureuse histoire de derrière n'est qu'un symptôme du mal qui ronge le rugby tout entier, à savoir une défiance de plus en plus prononcée à l'égard du corps arbitral. Dans les deux cas, le vrai-faux jugement de Salomon de Revol et consorts ne vaut pas tripette. Quant à Mourad le rebelle, s'il décidait à l'avenir de récidiver sur le mode lyrique d'inspiration dessous de la ceinture et d'être au rugby ce que Loulou Nicollin est au football, qu'il aille donc prendre des leçons auprès de son homologue héraultais. Car lui, assume le plus souvent ses conneries et les peines qui vont avec sans broncher - Ah ! cette "petite tarlouze" de Pedretti… -, alors que Boudjellal semble s'enfoncer toujours plus dans une paranoïa, qui fait déjà suffisamment de ravages dans le rugby français sans qu'il soit besoin d'en rajouter.