Les voyages ne forment pas que la jeunesse…
J’ai beaucoup aimé Le canapé rouge de Michèle Lesbre. C’est une livre lumineux, qui transforme tous les événements de la vie, principalement les amours, même mortes, en pépites qui scintillent et réchauffent le coeur.
Anne entreprend un voyage à travers la Sibérie à travers le fameux train pour retrouver son ancien amant Gyl dont elle n’a plus de nouvelles ; elle semble chercher dans son passé des forces pour entamer un autre acte de sa vie. Mais au fil des rencontres et des étapes de son périple, c’est un voyage intérieur qui se produit. Sans cesse elle revient au souvenir de son amitié avec sa voisine Clémence, laissée à Paris, campée sur son fameux canapé rouge. Elle puise dans ses échanges avec cette vieille dame, camarade de souvenirs et de lectures, passionnée des vies tourmentées de figures féminines lumineuses et courageuses : Milena Jesenka, Olympe de Gouges, Marion du Faouët, et retrouve en elles ce qui anime les luttes, l’envie d’être vivante, la force de se risquer à aimer de nouveau. Les forêts enneigées et la statue de Lénine deviennent des toiles de fond pour une réflexion toute intérieure, une mue salvatrice, une ode à l’amitié.
Le deuil de Gyl peut se faire, d’autres aussi. C’est toute neuve qu’Anne reviendra sur les quais de Seine.
Un très beau roman.
Peinture de Clair Hartmann.