Avis aux bosseurs. Travailler 11 heures ou plus par jour est un facteur majeur de dépression sévère, selon cette étude publiée dans l'édition en ligne du 25 janvier de la revue PLoS ONE. Car 11 heures ou plus passées au bureau chaque jour, c'est un risque plus que double d'épisode dépressif, en comparaison d'une journée normale, soit 7 à 8 heures environ.
Cette étude, co-financée par le Medical Research Council, la British Heart Foundation, la Stroke Association et les NIH a examiné les habitudes de travail de 2123 fonctionnaires britanniques en relation avec le développement de symptômes dépressifs majeurs au cours des six années qui ont suivi. Après prise en compte d'autres facteurs liés à la dépression, les chercheurs constatent qu'une durée quotidienne de 11 heures ou plus par jour est associée à un risque multiplié par 2,5 de vivre un épisode dépressif. La question qui se pose est bien, est-ce que les gens un peu déprimés sont ceux qui compensent par leur travail ou bien la durée de travail excessive est-elle un facteur responsable de dépression ? La réponse passe par de nouvelles études démontrant que travailler moins réduit bien le risque.
Cette étude de cohorte prospective menée par des chercheurs de l'Université Queen Mary (Londres), de l'University College of London, de l'Université de Bristol, de l'Université McGill au Canada, et de l'Institut finlandais de santé au travail a néanmoins prouvé le lien entre des heures de travail en excès et le risque d'épisodes dépressifs majeurs ultérieurs. Basée sur les données de la grande cohorte Whitehall II, l'étude a analysé les caractéristiques de l'emploi, les facteurs socio-démographiques, les facteurs liés à la santé ou au mode de vie, les antécédents médicaux de plus de 2.123 participants âgés en moyenne de 47 ans, au départ de l'étude. Les participants ont été séparés en plusieurs groupe en fonction de leur durée de travail, 7-8 heures/jour, 9 heures/jour, 10 heures/jour et 11 et 12 heures ou plus par jour.
Une journée de travail normale pour un participant sur 2 :
• 52% travaillaient 7 à 8 heures par jour
• 21%, 9 heures/jour
• 16%, 10 heures/jour
• 11%, 11 à 12 heures (ou plus) par jour
Qui sont ceux qui travaillent le plus longtemps ? Des employés de sexe masculin, mariés, à des postes plutôt cadres. Des employés, aussi, à consommation d'alcool plus élevée que la limite quotidienne et plutôt ex-fumeurs, précisent les auteurs.
11 heures de travail ou plus par jour, risque de dépression multiplié par 2,5 : Parmi les 2.123 participants, 66 ont connu un épisode dépressif majeur, soit 3,1% des partcipants. Après ajustement, les chercheurs constatent que les employés qui travaillent 11 heures ou plus par jour ont un risque multiplié par 2,52 fois d'épisode dépressif sévère par rapport à ceux qui « font une journée normale ».
D'autres facteurs ?
- les femmes sont plus de deux fois plus susceptibles de faire l'expérience d'un épisode de dépression (OR : 2,08),
- la présence d'une maladie physique chronique est aussi un facteur de risque majeur (OR : 2,30)
- la consommation modérée d'alcool, par rapport à l'abstinence (OR : 2,68)
- le niveau de responsabilité, les niveaux inférieurs pouvant multiplier le risque par 4 (OR : 4,03)
- En revanche, l'étude n'associe ni le tabagisme, ni le stress au risque de dépression…
Des horaires de travail excessifs sont donc, selon les auteurs, a minima, un facteur prédictif de survenue d'un épisode dépressif majeur.
Source:PLoS One 2012; 7(1):e30719.Overtime Work as a Predictor of Major Depressive Episode: A 5-Year Follow-Up of the Whitehall II Study (Visuel © yellowj - Fotolia.com)
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