Au sein de l’université Paris-Dauphine s’est tenu ce mercredi 25 janvier le 1er Grenelle pour la scolarisation et la formation professionnelle des jeunes handicapés. Organisée par la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (Fnaseph), l’objectif de ce Grenelle sera la rédaction d’un plan d’action, qui sera transmis au président afin qu’elles soient appliquées dans les deux années à venir.
- Le Grenelle
Sous l’initiative de la Fnaseph, les associations de parents ont pu se rencontrer afin de « dresser un état des lieux et de proposer des solutions pour une application réelle de la loi de 2005 ». La loi dont il est question date du 11 février 2005 et a été créée pour défendre l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Trois ateliers étaient organisés, un premier sur l’accès à la scolarité, un second sur l’accompagnement des familles, et enfin un troisième sur l’entrée dans la vie active. Le Grenelle a été animé par des témoins et des personnes qualifiées dans le cadre de l’animation des ateliers, tandis que les représentants des familles racontaient leur vécu, et présentaient leurs questions et attentes.
Une fois l’information recueillie auprès de tous les participants, un plan d’action sera dressé pour sa réalisation dans les deux prochaines années, et proposé au président M. Nicolas Sarkozy. Les associations de parents dénoncent notamment les disparités des conditions de scolarisation entre les départements, et demandent la mise en place d’un vrai métier d’accompagnement compétent.
- Les obstacles rencontrés
Les enfants handicapés scolarisés représentent plus de 200’000 personnes par rentrée depuis 2010, alors qu’ils étaient seulement 133’000 en 2004 rappelle Sylvie Moscillo présidente de l’association pour la défense de la scolarisation des handicapés Défis 74. En revanche, seulement 20% des jeunes handicapés accèdent à des études universitaires, et 4% entrent en grande école.
Les raisons pour lesquelles ces personnes renoncent à la poursuite de leurs études après le bac sont diverses. D’abord, il existe un réel problème d’accessibilité dans les établissements d’enseignement. La majorité des établissements d’éducation supérieure ne sont pas adaptés aux personnes handicapées. De plus, celles-ci disposent d’un nombre limité de choix de filières de formation, ce qui, couplé avec un niveau de scolarité plus faible, pose un réel problème pour le parcours de ces jeunes.
Le manque de qualification des accompagnateurs des élèves scolarisés est un autre problème dénoncé par Sophie Cluzel, présidente de la Fnaseph. Les personnes ayant exercé le métier d’assistant d’éducation mis en place en 2003, et qui possédaient les compétences requises pour le poste, ont du se réorienter par manque de perspectives de carrière.
Au niveau de l’emploi, les employeurs appréhendent les démarches administratives et les coûts que pourraient occasionner l’embauche d’une personne portant un handicap. Pourtant, non-seulement l’entreprise diminue ses chances de trouver la personne possédant les compétences recherchées, mais elle devra également verser une contribution à l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) si elle ne respecte pas le seuil de 6% d’emploi des personnes handicapées qui s’applique à toute entreprise de plus de 20 salariés.
Les jeunes peuvent se décourager face au manque d’opportunités, mais il serait également nécessaire de sensibiliser ces élèves et étudiants, ainsi que leurs parents, aux solutions existantes offertes afin d’accompagner les personnes handicapées.
- Les aides proposées
Depuis la Loi du 11 février 2005, les Maisons départementales des personnes handicapées (Mdph) sont en charge de l’élaboration du Projet personnalisé de scolarisation (PPS). L’inscription scolaire se fait directement avec l’établissement de secteur, puis il est nécessaire d’analyser les besoins auprès de la Mdph qui proposera la meilleure solution pour l’enfant avec un suivi tout le long de la scolarisation.
Les solutions proposées sont les suivantes:
- Il existe au sein de certaines écoles des CLIS, Classes d’Inclusion Scolaire, et dans des collèges et lycées des Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire). Ces classes proposent un enseignement adapté et personnalisé aux jeunes handicapés. Il est également possible de scolariser son enfant à temps partiel ou à temps plein dans un établissement médico-social. Le Cned (Centre national d’enseignement à distance) est également une solution possible. Il existe enfin des accompagnateurs, les AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire) et les EVS (Emploi Vie Scolaire), qui permettent l’intégration de l’élève dans sa classe.
- Au niveau professionnel, plusieurs associations favorisent le parcours du jeune handicapé et son intégration dans la vie active. Par exemple, Tremplin Handicap est une passerelle entre les études et le monde professionnel, guidant les étudiants handicapés à s’intégrer au sein des entreprises partenaires de l’association, et favorisant celles-ci à passer d’une logique « d’intégration à une réalité d’accueil, de formation et d’insertion ».
- L’association Arpejeh (Accompagner la Réalisation des Projets d’Etudes de Jeunes Élèves et Etudiants Handicapés) a été mise en place par des groupes privés afin de proposer des stages de fin d’études aux jeunes handicapés. L’Afij (Association pour Faciliter l’Insertion professionnelle des Jeunes diplômés), le Pôle emploi ou Cap Emploi proposent des services similaires, et l’Adapt (Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) ainsi que les Missions Handicap des universités accompagnent l’étudiant dans son insertion professionnelle.
- Avis Sequovia
L’enseignement des jeunes handicapés est un enjeu primordial afin de favoriser l’intégration professionnelle de ces personnes. Même si les dispositifs d’accompagnement existent tout au long du cursus scolaire, les moyens mis en place sont parfois insuffisants et le manque de compétence des accompagnateurs se fait ressentir.
Certaines entreprises aujourd’hui proposent des politiques de handicap, favorisant l’intégration sur le monde du travail des personnes concernées. Les missions Handicap se multiplient, notamment en aménageant les postes de travail. Des formations existent pour les entreprises désireuses de progresser en matière de diversité.
On observe donc une amélioration dans l’intégration des handicapés de la part des entreprises, mais les efforts doivent continuer dans le bon sens. Le Grenelle pour l’accès à la scolarisation des jeunes handicapés est la preuve que les choses sont en train de changer, mais qu’il reste encore de nombreuses actions à entreprendre. Espérons que les propositions faites lors de ce 1er Grenelle seront appliquées, comme prévu, dans les deux prochaines années.