Ainsi, s'il faut en croire la description de la mise à jour et les captures d'écran présentées dans l'AppStore et l'Android Market, la consultation des comptes se rapproche singulièrement d'un fonctionnement en temps réel, attendu depuis tellement longtemps. En effet, aux classiques soldes et listes d'opérations visibles dans L'Appli, s'ajoutent désormais des mouvements prévisionnels (qui ne seront effectivement comptabilisés qu'en fin de journée), signalés par une icône en forme d'horloge :
Comme je doute que l'architecture informatique de la banque ait été transformée en quelques mois pour supporter des accès en temps réel, je suppose que c'est un "artifice" (classique) qui est employé, consistant à capturer les données modifiées à intervalle régulier (par exemple toutes les heures), pour les enregistrer dans les systèmes de banque en ligne et les rendre accessibles dans l'application, avec un "léger" retard.
Cette approche permet d'atteindre un résultat très proche sans engendrer les coûts colossaux de la refonte globale qui serait nécessaire pour du "vrai" temps réel. Cependant, se posera rapidement la question de la fragilité croissante de l'ensemble d'applications et de sources de données ainsi assemblé, dont les composantes vont être de plus en plus imbriquées les unes dans les autres, à la merci de la moindre anomalie.
Du point de vue de l'utilisateur, le bénéfice apparent sera immédiat et les premiers commentaires sur les AppStores tendent à confirmer ce pronostic. Même si le besoin de consulter en temps réel les opérations réalisées peut paraître objectivement futile, le consommateur moderne est tellement habitué à ce mode de fonctionnement en ligne, et encore plus sur mobile, qu'il devient progressivement impératif pour les banques. Société Générale est (je crois) la première banque française à accepter et prendre en compte cet état de fait.
Outre la "faiblesse" technique soulignée précédemment, plusieurs autres dangers guettent cette initiative. Tout d'abord, en donnant aux clients l'habitude de pouvoir consulter les opérations au fil de leur exécution, ils deviendront, à terme, plus exigeants et finiront probablement par se plaindre du délai qu'impose l'architecture retenue.
Plus grave, la cohérence des différents canaux clients pourrait se transformer en véritable casse-tête : les mouvements prévisionnels ne semblent pas (encore ?) être intégrés dans le site de banque en ligne (ce qui serait malgré tout possible) et, surtout, ils seront vraisemblablement difficiles à ajouter, en synchronisation avec les canaux à distance, dans la vue des comptes dont disposent les conseillers en agence ou en centre d'appel.
Cette hétérogénéité risque fort de générer des incompréhensions et des frustrations, aussi bien chez les clients que parmi les conseillers. La seule solution, à laquelle il faudra bien finir par se résoudre un jour, sera de renouveler les systèmes cœurs de la banque. Un chantier titanesque (heureusement réductible en une succession d'étapes "maîtrisables") mais qui ne pourra pas être repoussé éternellement. Qu'il devient même urgent de lancer si ce n'est déjà le cas...