Mont-Ruflet
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar
24e épisode
Résumé de l’épisode précédent : On a manqué le cœur de la forêt et le coucher de soleil dans les bois. On est bien perdu, mais l’odeur du brouet de la sorcière nous ravigote quelque peu, même si la perspective de ren-contrer cette dernière ne laisse pas de nous inquiéter...
Se rajouter... un peu comme le chantonnement de Glenn
Gould sur la musique de Bach). Euh... et en regardant la
Peau de nos mains y bouge la lueur des stigmates. Phos
Phorescences qui courent maintenant dans tout le bois... (1200)
La nuit est bel et bien tombée. Une tarte d’airelles ou de
Baies d’argousier vient tourner autour de nos têtes, ça a
Tout l’air d’être une caméra volante télécommandée, en
Réalité. Des potirons creusés de trous pour les yeux et d’
Une bouche crénelée viennent rouler parmi nos mollets,
Et j’ai la nette impression qu’ils sont en tungstène ou un
Métal de ce genre, et comme la tarte ils font entendre cli
Quetis et ronronnées. C’est quoi ce délire ? Et la sorcière
On l’a vu entre les troncs elle a un bon petit bedon et ses
Cheveux, c’est vrai, pendent long. Et, tournée vers nous, (1210)
Frottant lubriquement la verrue de son menton à son ép
Aule levée, minaudant... elle montre sa dent et roule des
Yeux blancs. Plus loin (entre les troncs aussi, des arbres),
Furtif (et un peu vague et fumant), se trimbale l’hologra
Mme d’un gros chien brun. Il s’est arrêté pour déchiffrer
L’inscription d’une pierre tombale. Puis viennent des né
Bulosités de toutes formes (certaines sans forme) elles se
Succèdent, quelquefois se chevauchent, et voire se traver
Sent. Il y a dans le cramoisi de la nuit une veine verdâtre
Faiblement phosphorescente. Elle nous signale qu’on n’a (1220)
Plus le choix... Et qu’il faut faire contre mauvaise fortune
Bon cœur. – Du reste, ce qui nous advient est-il vraiment
Si malencontreux ? Le brouet a de très étranges saveurs...
Mais bien intéressantes. Et c’est vrai qu’il va falloir entrer
Dans le lit de la vieille, son peautre, son grabat. Mais elle
En prend toujours deux à la fois alors ça ira, et, baste ! on
Se soutiendra, moi et l’autre gars. Il paraît qu’elle chante,
Des fois, même d’une jolie voix, dans la nuit, dans son lit.
Faut juste avoir le cran d’enfiler chacun d’un côté nos lon
Gues jambes entre ses draps crissants et gris, pour ensem (1230)
Ble ranimer son vieil os en tremblant. Vieille omoplate et
Vieille échine. Il est dit que des fois, elle est brûlante com
Me une patate dans la braise, comme un lingot de fièvre,
Et que c’est elle alors qui vous réchauffe... Et il restera à f
Rotter nos joues à sa vertèbre cervicale la plus pointue ou
À la verrue de son pif tout bleu et crochu, oui, eh bien on
S’y fera, quoi ! Tant que la marmite fume...c’est malvenu
De dénigrer la suie de la turne...
(Notes de travail) Qui
Est Alix? Mon double ? Duplicité sexuelle, plutôt qu’amb
Iguïté. C’est elle la jeune fille qui vient toute nue au point (1240)
De rencontre comme au sacrifice... et rejoint par là l’Alice
De Hon qui est Mouchette mais une anti-Mouchette). Elle
Est la randonneuse, la fille au sac-à-dos (qui devient lui le
Monde, puis la grand-mère, et fait pendant au fardeau de
Fagots de la sorcière). Elle est l’autochtone, la Gauloise, il
Faudrait lui faire fumer une gitane ! et rencontrer les Rom
Anichels, elle rejoindrait les roulottes et... une bonne flam
Bée dans la nuit, elle partagerait leur ragoût de hérissons !
à suivre, épisode 25 le lundi 30 janvier 2012