Celine Lellouche: introspection du corps sous couvert de haute couture.
Publié le 27 janvier 2012 par Stev
Celine Lellouche.Elle est la petite étoile montante de la mode belge. Elle est la Françoise Sagan de la couture : insolente, lettrée, lyrique, rêveuse, insouciante mais préoccupée par le futur, Céline Lellouche a été la révélation du modo 2010 avec un prix du public bien mérité.
Elle continue de nous épater cette année avec une collection hors norme, hors des conventionsGilet fourrure entièrement confectionné de fil à la main. Avec Manisfesto, la belle aux cheveux de jais excelle dans la claque créative.Personne ne badine avec son talent et ça, le jury de « Customisez-moi » l'a bien compris ; la grande gagnante, c'est encore elle : deux prix et l'espoir qui va avec. Parce que Céline Lellouche n'est pas une créatrice comme les autres: l'amour des matières, une maniaquerie chirurgicale des coupes et une recherche obsessionnelle pour la perfection la caractérise. Micro robe entièrement brodée de perle.Ses collections ne sont plus un simple prêt-à-porter exprimant une vision artistique mais bien un travail de haute couture qui fait de ses pièces uniques des objets d'art à la portée de tous. Avec Mademoiselle Lellouche, le vêtement vit, acquiert une âme forte, comme s’il était possédé par un fantôme du glamour. Celle qui défend une mode écologique sans structure de saison, celle qui ne lâchera jamais son envie de faire vivre le tissu autant que la dame qui le porte doit être la digne réincarnation de Madame Vionnet. Tous les aspects sont minutieusement pensés et convergent vers un seul but : sublimer avec délicatesse le corps de la femme.
Blazer reversible: recto illustration corps humain / verso doublure incrustée d'une fourrure de fils.
Avec ses dernières silhouettes, elle flirte avec le danger de connaître et de reconnaître son corps. Alors que précédemment, elle visait tantôt une architecture féroce, tantôt une chirurgie des coupes aux accents ultra épurés, cette saison, la designeuse s'attaque à notre intimité biologique, faisant valoir que le vêtement est partie intégrante de nous: veste laissant entrapercevoir une fourrure de fils sanguine, micro-robe rebrodée de mille perles mettant notre substance intérieure à nu, combinaison faite de chemises d'homme à la blancheur virginale, robe aux poumons fourrures quasi vivants ou blazer brodé du système humain, c'est toujours avec notre chair qu'elle joue mais de façon romantique, voire poétique. Une manière délicate, artistique et luxueuse de nous connecter avec notre « nous ». Si le vêtement est une manière de s'exprimer, Céline Lellouche a décidé de faire savoir qu'il était une extension de notre chair, un véritable reflet de l'intérieur.Pull en laine vierge avec plastron de fil long volant.Sa femme s'assume dans une nudité inexistante parce qu'organique, une exploration intérieure qui la dévoile, honnête et fière
: la femme Lellouche ne fait qu'un avec son vêtement. Son apparat est une extension sensuelle, presque virtuelle, qui laisse une place à notre imagination érotique. Jamais il n'avait été possible de mettre en avant l'élégance sans que la suggestion ne joue aussi dangereusement avec les frontières de la concupiscence, qui en deviennent même floutées… La température monte, l'expérience est artistique, érotique et chic, quasi sexuelle.Combinaison à empiècement de chemise d'homme.On aime Céline Lellouche car sa créativité s'exprime de façon non limitative, le tabou n'a pas sa place… C'est un pur travail de design et de petites mains qui ne s'arrêtent pas aux restrictions de réalisation. En ça, toucher les pièces, les essayer, c'est rentrer dans son système créatif et par conséquent, on se rend compte de tout l'effort qui a été mis en place pour mettre l'art au service du confort. Être belle, être forte tout en n’étant qu'un avec ce que l'on porte, voilà ce qu'on ressent avec du Lellouche. La petite demoiselle de Bruxelles réussit le pari insensé de mêler des origines créatives pures à de l'artisanat ancestral, sans dépourvoir la cliente d'une assurance galbée par une totale adhésion à un corps que la créatrice sait en continuel mouvement. Micro robe à plastron poumon.C'est un grand art que peu de designers aujourd'hui savent manier : on pense à Haider Ackerman et à un brin d'Azzedine Alaïa. Ce qui est sûr, c'est que Mademoiselle est devenue Madame. Elle a pris une certaine maturité qui découle de polémiques sur le marketing, la surproduction, l'écologie et autres problèmes de notre siècle qu'elle prend en considération autant qu'elle se soucie d'un corps dont nous devrions être fiers plutôt que de le laisser mourir à petit feu au gré des tendances immettables. Et ça, ça, ben ça… on en reste sans voix, hormis quelques sanglots dans la gorge. Robe en tulle effet tulipe parsemée de vêtements recyclés.
CREDITS PHOTOS - JULIE CALBERT.
Bien à vous.