Jamais je n’oserais te parler ni même simplement te regarder droit dans les yeux plus de quelques secondes. Pourtant, j’ai l’impression de te connaître à force de te voir chaque mercredi après-midi après le basket. Tu me rappelles Nathanäel. Lui aussi écoutait toujours de la musique dans les transports en commun. J’aimerais bien pouvoir le faire aussi mais Maman ne veut pas que je prenne mon baladeur à l’extérieur. C’est ridicule de le laisser sagement posé sur mon bureau… Toi, je suis sûr que tu saurais trouver les arguments pour la convaincre de me laisser plus de liberté ! Depuis quelques semaines déjà, tu as l’air tellement triste, ça me fait mal. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai l’impression de retrouver les traits de mon frère sur ton visage… Allez retourne-toi, je suis sûr que je pourrais te faire rire ! Je suis plus jeune, d’accord, mais j’ai l’habitude de parler aux plus grands! Nathanaël m’emmenait toujours avec lui aux soirées avec ses copains, c’était bien même si je ne comprenais pas tout, j’étais le pitre de la soirée, tout le monde m’appréciait. Maintenant quand je croise ses amis, ils partent vite, l’air gêné. Je n’y peux rien, moi, s’il a choisi de tout quitter, de ne plus jamais revenir… Même si je suis parfois en colère, je lui ai pardonné. Je suis le seul d’ailleurs. Mais, il me manque tellement… Nos mains sont si proches, suspendues à cette barre… pourtant nous n’échangeons rien, ta tête baissée l’interdit.
Bon, passons aux choses sérieuses… à trois, je m’élance autour de la barre et je lui tourne autour ! Un… deux…trois !
Il a souri ! Nath’ serait fier de moi !
Texte écrit dans le cadre d’une photo quelques mots, atelier hebdomadaire de Leiloona. Photo de Kot.