“Le Phénix, c’est le couple – Adam et Eve – qui est et qui n’est pas le premier.”
L’ensemble des poèmes est placé sous l’aura bienveillante, amoureuse, de Dominique, épouse du poète. Deux des titres des pièces poétiques comportent son nom “Dominique aujourd’hui présente” et “La petite enfance de Dominique”.
L’amour, chez Eluard, est beau, grand et puissant. Même si le malheur et la mort nous guettent, il est la condition sine qua non de notre bonheur et même de notre ouverture au monde.
“Tu es venue, j’étais très triste, j’ai dit oui
C’est à partir de toi que j’ai dit oui au monde”
L’amour c’est ce qui fait taire le doute et les peurs, c’est ce qui rend le poète optimiste et qui rend les souvenirs moins lourds à porter, même si, bien sûr, les blessures restent. “Et mon amour est bien plus grand que mon passé.” Aimer, c’est fuir à deux et construire un monde nouveau, à mi chemin entre le quotidien et un monde magique, merveilleux, où les rires ont toute leur place.
Chaque poème peut représenter une exploration d’une des facettes de l’amour. C’est la présence de la femme aimée qui fait naître la poésie. Dominique ici apparaît vraiment comme la muse d’Eluard, la source de la création poétique. La femme est souvent comparée à une lumière, à un rêve (et on rejoint là l’un des pouvoirs de la femme, pour les surréalistes). Rencontrer l’autre, c’est avoir la promesse d’un amour fou, d’un rêve éveillé, d’un monde pétri de douceur qui renaîtrait chaque jour tel ce fameux phénix, emblème du recueil. Un critique (L.G. Gros), parle d’ailleurs de poésie de la “résurrection”.
La poésie amoureuse revendiquée par Eluard ne relève pas d’une écriture obscure, hermétique. Au contraire, elle est très simple. L’exemple le plus flagrant est peut-être ce distique : ” Une femme c’est toi / Un amoureux c’est moi”.
Mais alors, qu’en est-il de la peur de la séparation ? L’amour chanté par le poète est si fort que rien ne paraît pouvoir le faire s’évaporer, car le couple semble être plus fort que tout.
“Si je te quitte nous nous souviendrons
Et nous quittant nous nous retrouverons”
Et pour terminer ce billet, autre participation au challenge amoureux d’Irrégulière, catégorie “poésie” bien entendu, je laisse la parole à Eluard :
“La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie la vie à se partager. “