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Nous marchons
Murés dans nos silences
Depuis si longtemps établis
Que rien ne pourrait en ouvrir la boite
Je te regarde marcher
Un frisson me parcours l’échine
Je tremble de voir le trou
Qui s’approche sous tes pieds
Je pleure
*
Toute une vie à tout retenir
Ce poison qui diffuse en terrible héritage
Ne rien dire
Tenir coûte que coûte
Quel que soit le prix à payer
Taire jusqu’à l’insoumission
Qui elle-même est désormais convenue
Plus aucune surprise
Plus aucune flamme
Juste les regrets
Jetant l’œil sur les terres
De ne plus pouvoir en maintenir la beauté
*
Et ce soleil rasant
Et ces troupeaux dans les champs
Et dans le ciel nuées grises et noires
Jouant avec ciel bleu
La colline prend teintes orangées
Joue dans les variations du vert et du roux
Nous marchons
Blottis chacun dans notre mutisme
Père et fils
Fils pleurant sur questions impossibles
Muet devant le mur d’une vie
Sans aucune fissure
Le mur
Ni aucune aspérité
*
Seulement le pas plus lourd
Et l’échine raidie jusqu’à la douleur
Et l’épaule qui penche
Et la tête toujours devant
Au risque de la chute
*
Nous voilà devant notre vérité
Déclinée en infinis chagrins d’incompréhension
Il n’y a plus que le silence
Pour accueillir nos pas
Manosque, 5 décembre 2011
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