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Santiago, la tête à l’emploi

Publié le 27 janvier 2012 par Anthony Quindroit @chilietcarnets

Des salariés d'une société chilienne manifestent au nom de leur pouvoir d'achat (photos Anthony Quindroit)

Des salariés d'une société chilienne manifestent au nom de leur pouvoir d'achat (photos Anthony Quindroit)

Le long de l’Alameda, à Santiago du Chili, des bruits de trompettes et de tambours attirent les passants. il n’est pas encore 11h, la chaleur est étouffante et une vingtaines d’hommes et de femmes s’agitent sur les rythmes assourdissants, jettent des confettis… Une fête ? Les banderoles indiquent plutôt le contraire. Devant le bureau de l’entreprise Capual, les employés sont en grève et revendiquent. Phénomène peu courant au Chili où les syndicats ont largement perdu de leur force.
Les revendications tournent autour d’un problème de revalorisation salariale refusée par l’institution financière “à but non lucratif” (sic, voir le site de l’entreprise). La petite équipe entame sa deuxième journée de mobilisation devant l’une des antennes de l’entreprise qui compte près de 300 salariés au Chili.
Ils vont avoir du mal à se faire entendre. Ils le savent. La presse ne se déplacera pas pour “couvrir” la mobilisation publique.
Ironie du sort, les journalistes santiaguinos travaillent sur un sujet lié à l’emploi. Mais pas question de revendications, plutôt de félicitations : ce jeudi 26 janvier 2012 étaient présentés les chiffres du chômage dans l’agglomération de Santiago. Des chiffres en baisse : 6,2%. Soit 1,1 point de moins qu’en septembre et 1,7% de moins en un an. 184 400 chômeurs : le meilleur chiffre enregistré en quinze ans.
Sans surprise, les secteurs de l’industrie et, surtout, de la construction, ont fortement recruté ces derniers mois. Sans surprise cause tremblement de terre dévastateur en février 2010 et nécessité de rebâtir. Sans oublier les projets immobiliers qui se développent partout à Santiago. Le centre d’affaires voit ainsi pousser des grues un peu partout.

La Torre Gran Costanera, en construction dans le quartier d'affaires de Santiago (à gauche sur la photo) sera le plus haut gratte-ciel d'Amérique du Sud. Comme ce bâtiment, des dizaines d'autres projets sont en construction et dopent l'emploi

La Torre Gran Costanera, en construction dans le quartier d'affaires de Santiago (à gauche sur la photo) sera le plus haut gratte-ciel d'Amérique du Sud. Comme ce bâtiment, des dizaines d'autres projets sont en construction et dopent l'emploi

Le gouvernement de Sebastián Piñera a bien sûr sauté sur l’occasion pour se parer de social. Le président du Chili, qui avait fait de l’emploi un axe fort de sa campagne fin 2009, au plus bas dans les sondages (23% d’opinions favorables) a sauté sur l’occasion inratable :

  • “C’était une promesse de la campagne, et je suis ravi de pouvoir dire que nous la tenons. Et la création de ce million d’emplois ne saurait aller sans une amélioration des conditions de travail des salariés et le respect des droits des travailleurs.”

Les salariés grévistes de Capual n’étaient qu’à 300 mètres de la Moneda au moment de l’annonce. Pas sûr qu’ils aient entendu la fin de la citation présidentielle. Aux dernières nouvelles, leur mobilisation n’avait toujours pas eu d’impact.


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