Après avoir hébergé sur cette page pendant plusieurs semaines une jolie publicité pour cette B.D., avouez qu'il était temps que je la lise !
Alors voilà : Ma vie est tout à fait fascinante, c'est la version papier de Ma vie est tout à fait fascinante. Jusque là, vous suivez ?
Non, parce que Ma vie est tout à fait fascinante, c'est un des meilleurs blogs BD que je connaisse (d'aucuns diront que je n'en connais pas assez... faciiiile... ). Il est l'œuvre désopilante et néanmoins quotidienne de Pénélope BAGIEU, alias Pénélope Jolicœur. Ceux qui me lisent savent à quel point je me moque de la bio des auteurs, alors ne me demandez pas si ladite Pénélope travaille dans la pub à Paris, si elle a dans les 25 ans, si elle a un copain, si elle s'est acheté un nouvel iMac l'hiver dernier, si elle aime les macarons, si elle veut qu'on l'appelle Mademoiselle et pas Madame, si elle apprécie qu'on l'arrête dans la rue pour lui dire qu'elle est ravissante : je n'en sais rien.
Vous trouverez dans ces 94 pages certains des meilleurs dessins de ces derniers mois tirés du blog. Je suppose que d'autres sont inédits, mais n'ayant pas la prétention d'avoir recensé chaque dessin, chaque élucubration ni chaque nouvelle paire de chaussures de Pénélope Joliœur (ou de son personnage autofictif), je ne peux rien garantir là non plus.
Toujours est-il que contrairement à la lecture de ce billet, aussi barbante que son écriture, celle de Ma vie est tout à fait fascinante... est tout à fait fascinante. Au moins autant que le suggère la couverture. On pourrait croire que Pénélope n'écrit que pour les filles, mais c'est même pas vrai : moi qui suis un gars (si, si : je vous jure), j'A-DO-RE Pénélope et ses aventures décalées, déshabillées, décuitées, décaféinées... voyez, quoi.
Donc je confirme, je persiste, je signe, je crache, je jure et si je mens je vais en enfer : achetez(-vous) Ma vie est tout à fait fascinante : c'est trop de la balle !
Le trait semble simple ? Oui il semble. Les mises en scène semblent dépouillées ? Certainement, elles le semblent : elles sont quotidiennes.
Mais en réalité, je trouve que la mise en page, bien qu'étant un exercice quotidien et donc forcément répétitif sur un blog, est très variée et très inventive dans ce tome. Les couleurs sont chatoyantes. On n'arrête pas de se reconnaître dans les situations toute bêtes qui sont dépeintes. Il y a un art du dérisoire qui peut rappeler Sempé. Il y a un art des situations récurrentes (la banquière, le bureau, le vélib... ) hérité des grands maîtres du strip quotidien : Schulz, Quino ou du dessin de presse : Plantu...
Car finalement, le blog BD est bien cette version moderne du dessin de presse, à l'heure où la presse est en grande difficulté pour survivre. Les auteurs comme Pénélope Jolicœur, en s'auto-éditant, gagnent une liberté de ton... et héritent bien entendu de contraintes fortes, comme celle de publier un dessin par jour, de ne pas commettre de faux pas, de garder du temps pour une activité qui permet de continuer à manger...
Pénélope mène tout cela avec brio, même si, lorsqu'elle nous emmène avec elle dans les coulisses de son succès (d'estime), on en a des frissons pour elle, comme pour tous ceux qui s'acharnent à vivre de leur art, et qui le méritent tellement : Boulet, Miss Gally et tant d'autres.
94 pages, éd. Jean-Claude Gawsewitch - 15 €