Jour 17
Enième voyage en avion – ou plutôt, dans un coucou aux huit sièges plus ou moins branlants. Je me cramponne à Prince en essayant de penser à autre chose – pas à mon mascara, j’ai fait une croix dessus, mais par exemple au sympathique dessin animé que nous avons regardé hier soir à l’hôtel (oui, nous passons de folles soirées). Je ne comprends pas trop l’espagnol, mais à en juger par les images relativement explicites, ça racontait l’histoire du gentil Chavez qui défend le Venezuela et son pétrole bon marché contre le méchant George Bush. Quelle belle histoire.
Jour 18
Les Caraïbes, c’est magnifique. Il fait beau. Et chaud. Et humide. Prince, rouge, trempé de sueur et le regard perdu, se tortille sur son coin de serviette. Il soupire, semble hésiter, et finit par me lancer :
- Tu crois qu’on devrait changer nos billets et rentrer plus tôt ?
- A Londres ? Où il pleut ? Où il fait froid ? Où on n’a pas non plus nos valises ?
- Euh, oui…
- Avec grand plaisir !
Trente minutes de marche plus tard, et 10 dollars en moins (connexion Internet par satellite oblige), Air France est formel : nous sommes condamnés à demeurer sur notre île paradisiaque deux jours de plus.
Jour 18-19
Prince et moi restons enfermés dans notre chambre à lire « Les piliers de la terre » en signe de protestation.
Jour 20
Enfin à l’aéroport. Je veille à me tenir à distance des toilettes (voir le billet précédent). Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines : à l’enregistrement, l’hôtesse nous informe que le Venezuela n’en a pas fini avec nous. Nous sommes redevables d’une coquette somme poétiquement nommée « exit tax ». Oui, oui, un impôt pour QUITTER le pays. Payable en liquide uniquement. Et le seul distributeur de billets de l’aéroport est en panne.
Comment donc font les autres touristes ? Comme dans le film, sont-ils condamnés à croupir pour toujours à l’aéroport de Caracas ? Se reconvertissent-ils dans la prostitution et le trafic de drogue ? Est-ce eux qui hantent les toilettes de l’aéroport ? L’angoisse m’étreint. Enfin, quelqu’un prend pitié de nous, et nous indique une agence bancaire pourtant apparemment dédiée uniquement aux emprunts immobiliers, à en croire le panneau. A l’intérieur, pas un seul touriste, mais une bonne douzaine de Vénézuéliens qui, pour une raison qui m’échappe, sont venus à l’aéroport (re)négocier leur emprunt immobilier. Nous manquons rater notre vol. Ratons le salon spécial classe Affaires et ses pommes gracieusement offertes. Mais payons notre ultime tribut au Venezuela.
Jour 21
De retour à Londres. Il pleut. Il fait froid. C’est bon d’être à la maison.
La demande en mariage, le mariage, le voyage de noces, c’est (enfin ?!) fini. Au prochain épisode, chers lecteurs, Eva in London vous propose de l’accompagner dans un saut spatio-temporel d’un an et demi… accrochez vos ceintures !