Jeudi 2 février prochain aura lieu la conférence de lancement du projet Inmédiats en simultané à Bordeaux (avec Cap Sciences et Science Animation), Caen (avec Relais d’sciences et Espace des sciences), Paris (Universcience) et Grenoble (La Casemate). Fraichement arrivée à La Casemate, j’assurerai le live-tweet (LT) de la partie grenobloise de cette conférence avec l’équipe du CCSTI (compte @LaCasemate).
Jusqu’ici, je faisais plutôt partie des invités des conférences. La pratique du LT m’a beaucoup apporté, en termes de capacité à synthétiser et vulgariser un message, m’a également permis de développer ma présence sur les réseaux sociaux et surtout m’a fait rencontrer un grand nombre de personnes très intéressantes. Tous ces points positifs peuvent également s’appliquer à une institution, pour peu qu’elle maîtrise les codes de Twitter. Pour une fois du côté de ceux qui organisent, j’ai eu envie de lister quelques bonnes pratiques dont vous pouvez vous inspirer que vous soyez invités ou organisateurs. N’hésitez pas à ajouter les vôtres en commentaire !
Le Hashtag
Le mieux est qu’il soit créé par les organisateurs et annoncé plusieurs jours à l’avance ainsi que le jour J, sur les programmes de l’évènement, les écrans et de vive voix. Pour jeudi prochain, il s’agit tout simplement de #inmédiats (en cliquant dessus, vous pouvez dès à présent voir les tweets qui mentionne ce mot-clé).
Un hashtag doit être assez court pour laisser de la place au reste du texte dans le tweet (140 caractères en tout). Pour cela, on utilise souvent des abréviations, acronymes, chiffres ou fusion de mots (c’est le cas ici : innovation, médiation, territoires). Attention toutefois à ce qu’il soit compréhensible. Le hashtag est souvent placé en début ou en fin de tweet. S’il n’est pas créé par les organisateurs, les twittos peuvent s’entendre pour en choisir un mais il faut le faire assez tôt dans l’évènement pour éviter l’utilisation de hashtags différents (et ainsi perdre une partie de l’info).
Problème : dans les congrès où ont lieu plusieurs conférences en même temps, il peut y avoir une confusion si tous les twittos utilisent le même hashtag (c’était le cas pour Scientix que j’ai eu la chance de couvrir l’année dernière pour Knowtex et le problème se posera sans doute aussi pour ECSITE en mai et juin prochain à Toulouse). Avez-vous des solutions pour éviter cette confusion ?
Les outils et le lieu
Du côté du matériel : un smartphone, un ordinateur ou un iPad à la batterie pleine sont indispensables (placez-vous près d’une prise, on ne sait jamais !). Pour votre premier LT, le site de Twitter peut suffire mais quand vous gagnerez de l’assurance et des followers, l’usage de certains sites ou logiciels pourra vous faciliter la vie. Pour ma part, j’utilise TweetDeck. Cela permet d’ouvrir une colonne spéciale pour le hashtag (dans le cas du site Twitter, on peut toujours ouvrir une recherche dans un onglet séparé).
Un LT peut se passer n’importe où : musée (voir l’article de Sébastien), conférence, devant une émission de TV… Dans le cas d’une conférence, la salle doit être pourvue de prises et d’un accès wifi gratuit. Dans le cas contraire, le LT sera très limité. Seuls ceux qui disposent d’une connexion 3G pourront tweeter, mais de manière limitée, sur les smartphones. L’installation d’écrans qui présentent le « mur de tweets » permet à ceux qui n’ont pas de compte de suivre tout de même la conversation. Cela évite les quiproquos : les présents (et notamment les intervenants) savent ce qui se passe au même moment sur Twitter et n’ont pas l’impression qu’on bavarde dans leur dos. Twitterfall est un exemple d’outil qui présente les tweets de manière plaisante et attractive pour ceux qui n’y sont pas familiers. Une simple recherche sur internet vous en fera dénicher d’autres (n’hésitez pas à les mentionner en commentaire).
Qui participe ?
Pas besoin d’être présent physiquement dans l’évènement pour intervenir. Il suffit d’utiliser le hashtag dédié. Les personnes qui n’ont pas le temps ou les moyens d’y assister comptent souvent sur les twittos présents pour relayer ce qui s’y passe et apporter leur point de vue. L’organisateur de l’évènement a intérêt (1) à inviter des blogueurs / twittos à assister gratuitement à l’évènement (2) à s’investir lui-même dans la conversation, pour l’enrichir et avoir connaissance des retours des twittos présents. Il peut également faire office de lien entre les internautes et les intervenants, en posant des questions tweetées.
En amont de l’évènement, une petite recherche est utile pour identifier des personnes potentiellement intéressées ou susceptibles d’intervenir à distance. Il est possible de les lister sur Twitter : voir par exemple la liste « inmédiats » de @LaCasemate que j’ai commencé à construire. Elle me permettra de retrouver plus facilement les personnes que je souhaite citer / solliciter.
Pour trouver des twittos, vous pouvez utiliser le moteur de recherche de Twitter, consulter les multiples « annuaires » de Twitter ou encore dénicher les articles de blogs qui listent des comptes intéressants. Exemples pour la science, le journalisme (principalement anglophones) et le journalisme scientifique
Que dire ?
Un LT peut être sérieux comme une prise de notes ou décalé, avec des commentaires ou des blagues. Dans le cas d’un LT « sérieux » (qui n’exclut pas des traits d’humour), l’important est de choisir les déclarations les plus intéressantes pour ses followers (venant des speakers ou des questions dans la salle). Dans la mesure du possible, se limiter à une idée par tweet pour synthétiser ce qui est dit et rendre le message compréhensible et potentiellement re-tweetable. Pour ce faire, mieux vaut éviter les termes techniques et ne pas hésiter à citer le sujet pour que chaque tweet soit compréhensible séparément des précédents. Autant que possible, il faut lier les déclarations (les plus intéressantes) aux noms et/ou comptes Twitter des speakers. Ex : « Bla bla bla » selon @nom #hashtag ». Cela permet à vos followers d’aller voir directement la bio, la photo et le site de cette personne.
Pour rendre votre LT le plus « participatif », il est bien vu d’accueillir les twittos curieux et de rappeler ce qui a été dit à ceux qui en font la demande (bien peu prennent le temps de remonter tout le fil de tweet pour comprendre de quoi on parle). Dans tous les cas, il faut connaître un minimum les personnes à qui on s’adresse et savoir ce qui les intéresse. Pour enrichir son LT ne pas hésiter à ajouter des liens vers les sites internet mentionnés, des photos et vidéo (prises par smartphone ou trouvées sur internet).
[edit : le 16 janvier dernier, j'ai eu l'occasion de suivre l'évènement Hack The Press #2 à distance comme si j'y étais grâce à @GayaneAdourian et @NicolasLoubet - maîtres es LT - qui, en plus d'un LT "classique", ont utilisé Instagram (photo), SoundCloud (mini-interviews de quelques secondes) et Socialcam (petits films). Le tout, juste avec leur iPhone. Chapeau !]
C’est d’ailleurs souvent ce « détail » qui fait la différence entre un LT et un bon LT. Pour être le plus efficace possible, vous pouvez préparer en amont les ressources en anticipant ce qui va être dit. Dans mon cas, je vais utiliser le programme de la soirée de lancement pour lister les noms des intervenants, vérifier qu’ils sont présents sur Twitter et préparer des liens et ressources en rapport avec le programme Inmédiat. Par ailleurs, j’ai listé une partie de la communauté « culture scientifique » présente sur Twitter et ne manquerai pas d’en solliciter certains et de leur conseiller des liens.
Effet « machine à café »
Au travail ou dans les conférences, c’est souvent lors de la pause café que sont dites les choses les plus intéressantes. Twitter joue un peu ce rôle : on discute, on commente, on plaisante en silence et en parallèle d’évènement. Cela créée une certaine connivence entre les twittos. Les relations peuvent aussi se tisser à distance, en suivant les personnes qui prennent part au LT et qui partagent les mêmes centres d’intérêt. La conversation peut se poursuivre ensuite. C’est en partie de cette manière que j’ai rencontré des acteurs de la culture scientifique, par exemple Loïc Bommersbach (@Leauickque) Mathieu Jacques (@MaitreJacque) lors de la journée Science et Médias du 9 janvier dernier.
Avant…
Pour ceux qui voudraient se lancer sur Twitter en commençant par un LT, mieux vaut créer son compte plusieurs jours (semaines) avant. Cela permet de comprendre les « codes » de la plateforme, suivre des personnes qui ont les mêmes centres d’intérêt et surtout gagner des followers. Rien de pire qu’un LT « dans le désert » : c’est démotivant et ça présente peu d’intérêt.
… et après
Pour garder une trace du LT, il est possible d’archiver les tweets qui présentent le hashtag dédié avec des outils comme Tweetdoc (voici d’autres outils, si vous avez mieux, tout en restant gratuit, je suis preneuse). Autre solution (une de mes préférées), c’est la visualisation des tweets, comme le fait Knowtex (voir le récent exemple de #scio12). Voici un autre exemple de visualisation (géographique cette fois).
Il peut aussi être intéressant de réaliser un billet de blog. L’outil Storify offre des fonctionnalités intéressantes comme la possibilité d’inclure très facilement des tweets ou autres médias dans le cours de l’histoire (c’est le cas de mon précédent article qui est le bilan d’un LT d’évènement).
Avantages / inconvénients
La pratique du LT offre beaucoup d’avantages : prise de note, synthèse d’un évènement, apprentissage de la vulgarisation, amélioration de l’identité numérique du twittos, rencontres… Mais il existe également quelques points négatifs : un LT prend du temps et (beaucoup) d’énergie, parfois il y a un risque de dispersion pendant un évènement car si le LT est pris avec assiduité il n’est pas possible de prendre des notes « classiques » en parallèle (certains proposent même de prendre des notes collaboratives, par exemple sur Google Doc, plutôt que de live-tweeter). Parfois, des « trolls » peuvent s’insinuer dans le LT et commenter ou critiquer à outrance. Difficile de « lutter » contre eux tout en gardant le fil de la conférence. Cela vous est-il déjà arrivé ?
Illustrations : M. Sabourdy, Inmédiats, Miss Pixels (Flickr, licence CC), captures d’écran de TweetDeck et de Twitter, Mallix & Respres (Flickr, CC), Mikaly de Knowtex, Dunechaser (Flickr, CC)