Une Maison de l’histoire de France… plutôt une bonne idée a priori. Même si son caractère éminemment politique la rend vulnérable à toutes les manipulations mémorielles. C’est précisément le problème que pose aujourd’hui ce musée voulu par le président Sarkozy.
Or, comme le relève le Salon Beige, on peut se demander si, dans l’esprit du comité chargé de sa réalisation, l’histoire de France ne commence pas en 1789. L’avant-projet retient comme piliers « le principe d’égalité, le grand souvenir de 1789, la langue française et la laïcité ». (notons au passage que la liberté, de loin le plus noble idéal du triptyque républicain, ne figure pas dans ces piliers… et ce n’est certainement pas un hasard)
La Francia occidentalis, qui résultait du partage de l’Empire d’Occident entre les trois fils de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, en 843 (traité de Verdun), n’était-elle pas également la France ? Le serment de Strasbourg prononcé un an plus tôt par Louis le Germanique (le fils qui hérita de la Francia orientalis, qui allait devenir le Saint-Empire romain germanique) aux hommes de Charles le Chauve, premier texte connu en langue romane, n’était-il pas français (puisque la langue française fait partie des piliers de l’histoire de France) ? L’édit de Villers-Cotterêts de François Ier, en 1539, qui instituait la langue vulgaire (par opposition au latin) comme langue administrative, n’était-il pas français ?
Si la laïcité fait partie des piliers de l’histoire de France, la monarchie de droit divin, qui a duré bien plus longtemps que la République actuelle, n’était-elle pas française non plus ?
Que dire, aussi, de l’égalité comme pilier ? Qu’est-ce qu’une utopie, anti-naturelle comme l’a écrit le philosophe Murray Rothbard, a à voir avec l’identité d’un pays particulier ?
Quant au « grand souvenir de 1789 », s’il fait incontestablement partie de l’histoire de France, il ne fut bon que pour une minorité de Français, celle qui a imposé ses délires totalitaires à tout le pays… celle dont les concepteurs de ce musée semblent faire partie.