Saint-Just, révolutionnaire connu pour sa formule « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! », démontrant le caractère auto-contradictoire des « principes fondamentaux de la République » dont Rouveyre se réclame.
« Une mutuelle qui ne rembourse ni avortement ni contraception fait polémique », pouvait-on lire mardi sur le comparateur de mutuelles Mutuelleland.com. Pourquoi une polémique ? Une mutuelle privée n’est-elle pas libre de proposer les contrats qu’elle veut à ses potentiels clients, qui sont libres de refuser de souscrire s’ils ne sont pas d’accord ?
Mathieu Rouveyre, conseiller municipal socialiste de Bordeaux, estime que non. Assimilant Fidélis Santé, cette mutuelle créée par Samuel Potier, à une initiative « extrêmiste » et « intégriste » il en demande l’interdiction au ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Comme on ne peut pas, en théorie, faire interdire une chose parce qu’un vague conseiller municipal la juge « extrême », il fallait que Rouveyre trouvât des prétextes pour justifier sa rage liberticide : « Cette mutuelle [...] est une insulte au droit des femmes et aux principes fondamentaux de la République ». Nous croyions, puisqu’il est impossible d’échapper à la devise républicaine partout où l’on se rend en France, que la première valeur du triptyque est la liberté. Quelle liberté reste-t-il au patient, s’il ne peut pas choisir sa mutuelle selon des principes qui ne regardent que lui et la communauté dont il fait librement partie ?
Rouveyre feint de s’interroger, alors qu’il a déjà rendu sa sentence : « Est-ce qu’on peut tolérer que la liberté contractuelle (en l’occurrence adhérer à cette mutuelle) prévaut sur l’exercice d’un droit fondamental, celui de disposer de son corps ? ». Même en admettant qu’il existe un « droit » de tuer un bébé (ce que nous récusons), son exercice n’est absolument pas remis en cause par la liberté contractuelle de choisir cette mutuelle. Si l’on n’est pas d’accord avec Fidélis Santé, rien n’oblige quiconque à souscrire à ses services !
Rouveyre pousse la tartufferie jusqu’à y voir une atteinte à la « laïcité ». Bel aveu de sa part sur ce qu’est la « laïcité à la française » : non pas une neutralité de l’État en matière religieuse (pas d’immixtion du religieux dans le politique, ni du politique dans le religieux, ce second aspect étant souvent oublié), mais une interdiction aux catholiques de manifester leur foi dans leur vie sociale. Pour Rouveyre, la fameuse « sphère privée » à laquelle devrait se cantonner la religion n’est pas tout ce qui ne relève pas de l’État, mais tout ce qui peut se manifester ailleurs que dans l’église le dimanche ou dans les domiciles des chrétiens.
Nous disons « les chrétiens » car Rouveyre ne veut imposer sa sacro-sainte laïcité qu’à eux. Ainsi, il croit légitimer sa demande d’interdiction de Fidélis Santé par le précédent de l’interdiction de la « soupe au cochon » destinée aux sans-abri en décembre 2006. Bien que cette soupe fût accessible à tout le monde, sans distinction de religion, le juge avait estimé qu’il y avait là une « discrimination » à l’égard des musulmans ! Pourtant, rien ne les empêchait de manger de cette soupe… sinon les interdits alimentaires édictés par leur religion qui, dans ce cas précis, ne semblent pas gêner Rouveyre. On ne saurait mieux illustrer le fait que la «laïcité» est un leurre pour persécuter les chrétiens, et seulement eux.