Message reçu dans ma boite mail :
Bonsoir,
Suite à un article dans la presse concernant la génération Y, j’ai visité votre site qui m’a intéressée mais j’ai été pour le moins stupéfaite par le nombre incalculable de fautes d’orthographe, d’accord, de ponctuation, de coquilles, etc…
Cela me semble très dommageable et donne une image superficielle et peu professionnelle de ce que vous voulez sans doute faire passer avec sérieux…. C’est aussi, à mon avis, un manque de respect pour vos lecteurs.
En outre, la date limite pour l’inscription sur les listes électorales pour les prochaines élections présidentielles est le 31 décembre 2011 et non 2012 !
Bien cordialement et à bon entendeur…..
Ma réponse :
Chère Madame,
Permettez-moi, avec retard, d’accuser réception de votre courriel. Je suis heureux que la lecture de mon blog vous ait intéressé. Je fais mon possible pour le rendre vivant malgré un emploi du temps assez chargé.
Votre constat est exact : ce blog est truffé de fautes et coquilles en tout genre. Je serais d’ailleurs très surpris que vous n’en trouviez pas dans cet article.
Sans chercher à me justifier, permettez-moi d’invoquer quelques arguments pour ma défense.
Tout d’abord, le contexte sociétal dans lequel j’ai grandi. Contrairement aux générations précédentes, j’ai toujours connu un monde à l’orthographe approximative. Aussi loin que je m’en souvienne, les affiches, magazines et autres SMS ont toujours comporté des fautes.
Piètres références me direz-vous. Mais même les journaux de « référence », que je mettais un point d’honneur à lire étudiant, ne sont pas irréprochables sur ce point. Cela irritait déjà ma mère à l’époque qui écrivait à ces journaux pour se plaindre de l’absence de relecture.
Quelques années plus tard, rien n’a changé. Les journaux font toujours autant de fautes. Seul progrès, leur présence sur internet permet aux champions orthographiques de se plaindre dans la section « commentaires » pour un coût nul et un investissement en temps limité.
Mais ma distance relative face aux canons de l’orthographe ne tient pas qu’aux évolutions sociétales que je viens de décrire.
Les hasards de la vie font que je compte parmi mes amis une personne dyslexique. Cet individu, à l’intelligence aigue, est pourtant incapable de formaliser sa pensée sans une impressionnante collection de fautes d’orthographes. Bien que l’origine de ce trouble d’apprentissage soit d’ordre neurologique et concerne 5% des écoliers, cet ami m’a relaté les brimades et jugements hâtifs dont il a été victime enfant. Aujourd’hui adulte, et en dépit d’une vie professionnelle réussie, cet ami subit toujours régulièrement les remarques narquoises des champions orthographiques. Car en France, c’est bien connu, ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et s’écrit sans fautes. En témoigne, votre remarque « c’est aussi, à mon avis, un manque de respect pour vos lecteurs » où vous vous autorisez un jugement négatif.
Au-delà de cette expérience personnelle qui m’incite au relativisme, je m’interroge plus fondamentalement sur la supposée puissance intellectuelle de ceux qui écrivent sans fautes. Une phrase attribuée à Napoléon disait : « l’orthographe, c’est la science des ânes ». Provocatrice, la formule pose néanmoins une vraie question. Et une question d’avenir. En effet, que deviendront les ayatollahs du participe passé lorsque les correcteurs d’orthographes seront capables de corriger la moindre faute d’orthographe avec plus d’efficacité qu’eux ?
Nous serons alors obligés de nous concentrer sur les idées, le fond. Ma question est donc simple : pourquoi ne pas commencer dès maintenant ?
Bien à vous,
JP
PS : contrairement à ce qui est indiqué dans l’objet de votre courriel, le nom de mon site est « lagenerationy.com » et non « generationy.com » mais je vous pardonne bien volontiers cette inexactitude ayant compris l’essentiel de votre message