Il est fort, Beigbeder. Très. Auteur à succès, le voilà adaptant de lui-même son livre L’AMOUR DURE TROIS ANS, auto-biographique déguisée où sa sensibilité rejoignait une certaine auto-dérision et une nostalgie palpable. A l’instar de son héros (qui est donc son incarnation sur le papier – ou l’écran), Beigbeder l’auteur poursuit son histoire sur grand écran. Car oui, L’AMOUR DURE TROIS ANS n’est pas la simple transposition d’un livre sur l’écran, mais en un tour de passe-passe habile une continuité masquée. Normal, près de quinze années se sont écoulées entre les deux.
Pourtant, le film raconte la même histoire ; Marc, chroniqueur mondain désabusé mais romantique, quitte Anne pour Alice. Sauf qu’Alice est mariée, et pas prête à tout quitter pour un petit con, aussi touchant soit il. Le long combat de Marc commence, entre clichés absolus du romantisme exacerbé, et vaine tentative de bouleverser tout ça par des pieds de nez pas possible. Au final, l’histoire finira bien. Mais pour qui? L’AMOUR DURE TROIS ANS est aussi une ode au modernisme des relations ; fini les mariages éternelles, les petites filles peuvent ranger leur robe blanche. Evidemment, le point de vue est purement masculin, mais ancré dans une réalité absolue. A l’heure des statistiques, difficile de croire en l’amour absolu, et Marc freine des deux pieds pour ne pas y entrer, tout en le souhaitant ardemment. Et oui, les filles, ça vous fait tourner la tête, même quand on a 30 ans.
A coups de petites phrases et de grands discours, Beigbeder séduit forcément. Gaspard Proust fait ses grands débuts avec une certaine facilité, copie face caméra de son propre auteur, pour un film romantique mais pas que. Si le livre se révèle plus efficace, le film n’est pas inutile ; dans une forme de tourbillon éternel, le Marc sur grand écran écrit son livre, celui qui préexiste donc. Comme pour pousser plus loin la réflexion artistique. Clairement inspiré par l’adaptation de son 99 FRANCS, Beigbeder en recopie le style, sans trop se faire peur. Un petit manque de rythme fait descendre la pression, mais on reste avec le sourire devant ce tableau très parisien étiré au bon sentiment. Car au final, peu importe le contexte, les histoires d’amour sont éternelles. Celle de Marc Marronnier se déroule juste en 2012.