Quelle est cette étrange forteresse que nous décrit l’auteure ? Pour répondre à cette question , procédons par élimination. Elle ne peut être bien entendu le paradis mais pas l’enfer non plus étant donné qu’il n’ y a dans le texte aucune référence ou allusion au feu. Elle ne peut-être aussi le tombeau vues sa vastitude et ses dimensions presque illimitées. Donc l’interprétation la plus plausible est qu’elle soit , selon l’attitude que l’on adopte vis-à-vis de l’existence , ou bien l'isthme c’est à dire le lieu où se regroupent les âmes après la mort dans l’attente du dernier jugement - et l’ascension au bord de l’hélicoptère pourrait , dans ce cas , être assimilée à la montée des âmes vers le ciel - sinon le monde matériel où nous vivons vu sous un angle existentiel athée. Et la fin de la nouvelle qui nous présente la locutrice " prise en sandwich entre deux voies sans issues : le précipice et le labyrinthe vide " est là pour appuyer aussi bien la première lecture que la seconde . Psychanalytiquement parlant , la description de cette forteresse rude et dénuée de tout attrait ressemble au monde externe vers lequel est acheminé le nouveau né au moment de la naissance hors de son paradis, la matrice de la mère . Enfin sur le plan esthétique, l’appartenance de cette nouvelle au genre fantastique et l’usage massif du suspense ont contribué ensemble à tenir le lecteur en haleine du début jusqu’à la fin .
Mohamed Salah Ben Amor
Vous pouvez lire "La forteresse" sur ce blog (article en date du 25 janvier 2012), lien :