En ce moment en salle, l’adaptation par Frederic Beigbeder himself de son livre à succès de 2001 : L‘amour Dure Trois Ans.
J’avais dévoré le livre à sa sortie et je suis depuis les ouvrages de cet ex-rédacteur de pub mondain. Fan inconditionnel de Bret Easton Ellis et ses livres s’en ressentent, Frédéric Beigbeder apporte un vent nouveau, un côté franchi et bobo un poil trop parisien. Le critique ne laisse pas indifférent, on le déteste ou on l’adore.
Personnellement, n’arrivant pas à aimer le personnage un peu trop plaintif à mon goût, je suis tout de même émue par sa maladresse. J’avais hâte de voir ce que donnerait cette adaptation au cinéma.
Par principe, je déteste les miss météo de Canal Plus, et Louise Bourgoin m’apparaissait forcément antipathique. Que nenni, le rôle lui sied à merveille, fraîche, en forme, coquine. Je dois l’admettre, même si Charlotte LeBon restera ma référence en termes de miss météo loupée, Louise a su tirer son épingle du jeu.
Ce film est drôle, bien ficelé, intemporel. La réalisation est moderne, rythmée. On rit beaucoup, le casting est frais et juste. J’émets juste un doute sur la prestation de Joey Starr, piètre acteur, mais son rôle à contre-courant de son personnage réel et détestable suffit à faire passer la pilule. L’acteur principal, Gaspard Proust, est excellent de vérité.
L’avantage, c’est que finalement le film n’a rien à voir avec le livre. Ou presque. La base est commune, mais on est bel et bien en 2012, et l’histoire a évolué, une sorte de suite, ou de transposition.
Beigbeider témoignait dans une interview pour “le soir” en Belgique :
“C’est vrai, seul le premier tiers du film est fidèle au livre. Mais, prendre un vieux livre à moi, l’adapter à l’écran et y être fidèle, c’est du radotage, cela ne présente aucun intérêt.”
Je ne peux qu’acquiescer. Au début, j’avoue ça m’a dérangé. Je voulais, comme une bonne consommatrice lambda, retrouver le livre que j’aimais tant. Et au final, je suis heureuse d’avoir découvert une nouvelle version de l’histoire. On évite une transcription linéaire, qui de toute façon serait loupée. C’est toujours raté une adaptation de livre, il manque des détails qui ne supportent pas le passage à l’écran, ou alors par choix du réalisateur qui doit faire tenir le livre en 1h30.
Voici le pitch copié collé d’Allociné, pour ceux et celles qui n’auraient ni lu ni vu L’amour Dure Trois Ans : “Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Il a même écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va renverser toutes ses certitudes.”
On bave devant les injustes appartements avec piscine de 400m2 pleine vue sur la Tour Eiffel. On savait Beigbeider issu d’une famille bourgeoise, mais je ne savais pas qu’il était le fils caché de Bill Gates. Le Paris idéal, démesuré, rempli de moulures, de femmes légères, d’Austin Mini et de vodka en énervera certainement beaucoup, mais laissons à Frédéric son Paris du café de Flore et apprécions son film pour ce qu’il a d’autre à nous offrir.
Une petite pensée pour Valérie Lemercier, que je trouve exceptionnelle dans son rôle d’éditrice de la maison Gasset. Son One Woman Show m’avait laissée très perplexe, mais la retrouver au cinéma est toujours un énorme plaisir.
Courrez-y.