L’ours pluche
« Par canton,
Combien a-t-on
De décharges publiques
Toxiques ?...
Je veux en finir avec les ordures,
Existantes et futures,
Imputrescibles,
Malodorantes, indestructibles.
Elles pourrissent au quotidien
La vie de nos concitoyens.
Je vais donc importer
En très grandes quantités
Des ours affamés
Et les enfermer
Dans les déchèteries,
Manu militari
Je fais renforcer les grillages.
Je supprime les droits de pacage.
Bien sûr, des milliers de chômeurs
Seront embauchés comme inspecteurs
Et dompteurs chargés d’inciter
Les escouades
De plantigrades
A ingurgiter
Tout leur soûl.
Mes amis,
Je fais ainsi
D’une pierre, cinq coups :
-Les écolos verront là
Une super-mesure
Pour la protection de la nature.
-Bercy appréciera
L’économie de mon dispositif
Génial et créatif.
-Les maires seront réélus
Grâce à mon idée reconnue
D’utilité publique.
-Le chômage français
Va baisser.
-Et je développe enfin
Nos usines d’acier fin.
Voilà, mes chers compatriotes
Comment, avec un peu de jugeote,
On résout les emmerdes de la République.
Voilà du vrai réalisme en politique. »