Cette étude du Comprehensive Cancer Center de l'Université du Michigan apporte une nouvelle explication à l'efficacité de courte durée des traitements anti-angiogéniques dans le cancer du sein. Elle suggère que ces traitements conçus pour bloquer la croissance des vaisseaux sanguins contribuent à augmenter le nombre de cellules souches cancéreuses dans les tumeurs mammaires chez la souris. Ces résultats, qui viennent d'être publiés dans l'édition en ligne du 23 janvier des Actes de l'Académie des Sciences américaines (PNAS) concernent en particulier les médicaments Avastin et Sutent.
Rappelons, qu'en novembre dernier, l'Agence américaine du médicament, la Food and Drug Administration (FDA) a prononcé le retrait, sur le marché américain, de l'Avastin dans son indication de traitement du cancer du sein, pour insuffisance d'efficacité et de sécurité dans cette indication. En Europe, le médicament reste autorisé pour le traitement du cancer du sein avancé.
Selon l'étude, ces médicaments anti-angiogéniques s'ils réduisent dans un premier temps les tumeurs et la progression du cancer, l'effet ne durerait pas, et le cancer recommencerait ensuite à se propager. «Cette étude fournit une explication pour les résultats d'essais cliniques démontrant que chez les femmes atteintes de cancer du sein, les agents anti-angiogéniques retardent la récidive de la tumeur, mais n'affectent pas la survie de la patiente. Nos résultats suggèrent qu'afin d'être efficaces, ces agents doivent être combinés avec des inhibiteurs de cellules souches du cancer, une approche actuellement explorée en laboratoire », explique auteur de l'étude, le Dr Max S. Wicha, directeur du Comprehensive Cancer Center.
Une augmentation du nombre de cellules souches du cancer et du taux de cellules souches cancéreuses qui forment la tumeur: Les chercheurs qui ont traité des souris avec cancer du sein par Avastin (bevacizumab) et Sutent (sunitinib), 2 anti-angiogéniques, constatent que les tumeurs traitées avec ces médicaments ont développé plus de cellules souches du cancer, ces cellules même de la tumeur qui induisent une croissance et une propagation souvent résistantes aux traitements standards (Voir visuel ci-contre, tumeurs de contrôle et traitées par bevacizumab. Les auteurs notent l'absence de vascularisation dans les tumeurs traitées par bevacizumab).Les chercheurs expliquent que les cellules souches ont augmenté en raison d'une réponse cellulaire au manque d'oxygène ou hypoxie et sont parvenus à identifier les voies spécifiques impliquées dans cette hypoxie.
Une précédente étude publiée dans Nature, présentait des résultats similaires.
Cette nouvelle étude suggère donc de combiner des médicaments anti-angiogéniques avec un inhibiteur de cellules souches du cancer afin d'améliorer le bénéfice du traitement. Les chercheurs testent cette approche sur des souris et les premiers résultats sont décrits comme prometteurs.
Source: PNAS Early Edition, DOI: 10.1073/pnas.1018866109 January 23, 2012 “Antiangiogenic agents increase breast cancer stem cells via the generation of tumor hypoxia”(Visuels PNAS)
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