C’est une note choc, du centre de recherches politiques de Sciences-Po, le Cevipof, qui devrait secouer le secteur public, à moins de trois mois de la présidentielle. Dans une courte étude intitulée “Le vote des fonctionnaires : cinq ans après la RGPP”, Luc Rouban, spécialiste de la fonction publique, en arrive à la conclusion que “si l’élection ne voyait voter que les seuls agents du secteur public, François Hollande affronterait Marine Le Pen au second tour”. Cet article, écrit par Bruno Botella est paru sur acteurspublics.com.
Hollande en tête mais…
Il en est de même du “tropisme de gauche de la fonction publique”. En 2012, “les employés et les ouvriers du secteur public constituent le groupe électoral le plus attiré par le « ni-nisme » qui se traduit soit par de l’abstention, soit par un vote d’extrême droite”. Et de fait, le Front national semble marquer des points chez les agents du secteur public.
Selon l’étude du Cevipof, au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy feraient jeu égal dans la fonction publique d’État (15 %) et dans la fonction publique hospitalière (18 %). Dans les intentions de vote des agents de la territoriale, la candidate du Front national dépasserait Nicolas Sarkozy (13 % contre 11 %) et atteindrait 24 % dans les entreprises publiques. Partout, François Hollande arrive largement en tête. Par métiers, Marine Le Pen est très bas chez les cadres et les enseignants, mais talonne Nicolas Sarkozy (18 % contre 20 %) chez les employés de la fonction publique et surtout se hisse en tête (37 %) chez les policiers et militaires, 10 points devant le chef de l’État.
Arrière-fond populiste.
L’auteur de la note, Luc Rouban, souligne que l’attrait de la droite modérée s’est affaissé depuis 2007 dans toutes les catégories de fonctionnaires au profit de la gauche pour les plus diplômés et du Front national pour les moins diplômés. “Le vote des fonctionnaires en faveur de François Hollande sera plus un vote d’antisarkozysme qu’un vote de confiance”, tranche Luc Rouban.
Sans aller jusqu’à dire que la RGPP comptera dans le vote des fonctionnaires en avril et mai prochains, le Cevipof rappelle que la “campagne s’est très vitre inscrite sur un arrière-fond populiste, le nombre de fonctionnaires comme leur statut étant pris pour cibles par de nombreux commentateurs, alors même que le FN s’est mis à défendre les services publics”.
La note indique aussi que “les suppressions de postes, le gel des salaires, les fusions de services, les difficultés quotidiennes des agents les plus exposés aux usagers, mais aussi la volonté affichée du gouvernement de « managérialiser » un monde très corporatif mais aussi très égalitaire, ont créé une situation de forte tension”.