Vu de France, on aurait pu penser que vous aviez délaissé la musique pour vous consacrer à vos enfants et aux causes humanitaires qui vous sont chères. En fait, il n’en est rien, n’est-ce pas ?
C’est vrai. En réalité, j’ai sorti en 2009 un double-album en anglais, «Sisters and Empathy», mais pour plusieurs raisons il n’a pas été distribué en France. Il s’agissait d’un disque de «protest songs», inspiré de mon engagement humanitaire avec l’Unicef et Amnesty International. J’avais déjà écrit des chansons engagées auparavant, mais là, tout le disque portait sur le thème des violences faites aux femmes et aux enfants. C’était dur à vendre commercialement, mais je tenais à le faire, pour laisser cette trace, mon témoignage.
Cette thématique est encore omniprésente dans «Un cœur comme le mien»...
Oui, mais cette fois, ce n’est plus du «documentaire», c’est de la fiction, plus des chansons d’amour qui tournent mal. Et puis j’ai voulu partager, inclure les hommes dans cet univers féminin. J’ai eu la chance de travailler avec des auteurs comme Florent Marchet, Christophe Miossec et Gérard Manset, qui m’ont écrit des textes extraordinaires. Les chansons de cet album expriment expriment toujours mon point de vue, mais avec des mots d’hommes.
Là où «Sisters...» était très soul, «Un coeur...» a un son plus rêche, plus brut, plus blues aussi. Il évoque parfois les Fleetwood Mac, les Pretenders...
Le mot-clé pour moi, c’est «roots». Je voulais garder la simplicité de mes maquettes, un certain son de guitare, de la contrebasse, mais surtout, pour la première fois, pas de claviers! Je suis partie enregister à Woodstock, près de New York. 10 jours isolée avec mes musiciens dans une église transformée en studio, en plein hiver, il y avait des mètres de neige. La tonalité générale de l’album vient de là, de m’être rapprochée de mes influences.
Cela donne-t-il lieu à des concerts plus resserrés, plus intimistes ?
Tout à fait. Sur scène avec les musiciens, on se fait plaisir tant avec les nouveaux morceaux qu’en réorchestrant les anciens titres. On s’amuse, et le public le ressent. Je le retrouve en étant encore plus proche de lui, en montrant plus de facettes de ma personnalité. Engagée, romantique, utopiste, amoureuse, marrante aussi ! J’aime ça, ce juste milieu entre le message et la joie de vivre que j’ai envie de donner à chaque concert. •
Propos recueillis par Sébastien Le Jeune
Samedi, 20h30, Casino Barrière, 32,50-36,50€.