Roman - Edition Julliard - 327 pages - 19 €
Parution en Août 2011
Rentrée littéraire de Septembre 2011.
L'histoire : En plein deuill, Kurt, médecin Allemand, accepte d'accompagner Hans, un ami aux Comores, à des fins humanitaires. Le trajet se déroule lentement à bord du voilier personnel d'Hans, jusqu'au large des côte somaliennes. Là, des pirates s'emparent du bateau et font des deux amis des otages. C'est donc un voyage au bout de l'enfer qui les attend, au coeur d'une Afrique aux multiples visages...
Tentation : La venue prochaine de l'auteur à Rennes + projet
Fournisseur : La bib
Mon humble avis :Wahou, wahou, wahou... Et pourtant, ce n'était pas gagné d'avance, malgré mes deux précédentes lectures irréprochables de l'auteur. J'avoue, je suis rentrée dans ce livre peu encouragée par des avis mitigés dela blogo, mais motivée par la venue prochaine de l'auteur dans ma ville, et l'envie, cette fois ci, d'avoir lu LE livre en question avant... histoire de savoir ce dont il retourne pendant la conférence... J'ai sacrément bien fait d'écouter ma motivation...
Les premières pages, qui se déroulent à Franckfurt, se lisent très bien. On est heureux de retrouver l'écriture soignée de Khadra et l'émotion toujours juste, même si le drame s'annonce. Ensuite, je me suis heurtée à une cinquantaine de pages moins accessibles et pourtant accaparantes : les débuts de la détention des deux otages, la peur, la violence, l'humiliation, les doutes, la rébellion, la brutalité et et la violences des geôliers. Oui, j'ai été surprise, voire destabilisée par le style bien souvent distingué de ces brutes. Un langage inapproprié à ce genre de personnages. Certaines chroniques lues de ci delà m'avaient prévenue.... Oui, mais cela s'explique plus tard de façon magistrale. Le lecteur est pris dans le piège que lui a tendu l'auteur, il est les deux pieds dans le vif du sujet sans le savoir.... Dois-je en conclure que certains chroniqueurs n'ont pas achevé leur lecture.... Et c'est la où la tendance s'inverse totalement et où l'on comprend où l'auteur veut en venir.... Il ne faut pas se fier aux apparences. Un message principalqui paraît simpliste et pourtant, en prenant l'exemple de l'Afrique pour démontrer cet adage universel, Yasmina Khadra montre à merveille à quel point ceci n'est pas si simpliste. En Afrique, c'est même si compliqué de comprendre ce qui se passe, de ce faire une opinion, que cela devient une équation à multiples inconnues. Du moins, c'est ainsi que j'ai perçu le roman, et le titre. Oui, une équation aux résolutions aussi nombreuses qu'il peut y avoir d'inconnues. Dans ce livre, les inconnus sont noirs, blancs, européens habitués au confort, kidnappés, européennes dévoués aux autres, français devenu Africain à force de déambuler à droite à gauche depuis des années, pirates ou survivants de massacres. Il y a tous ces regards dans ce livre, on peut y ajouter celui de l'auteur et enfin le vôtre ou le mien, celui de lecteur. Et chacun aura une vision différente de ce qu'il constate, juge, aime ou méprise. Oui, l'équation sera différente suivant les A et les B, le X et les XY, les croyances, la résistance, le courage, l'espoir et la définition du bonheur. Et de la valeur que l'on donne à la vie.
Il y a tout cela dans ce roman, dont le sujet est tristement d'actualité, qui prend tantôt des allures de roman intiatique, puis de
roman d'aventure, voire de road moovie. On cotoye le pire des horreurs inhumaines, les charniers, la déchéance, mais on assiste aussi et surtout à ce que l'Homme peut faire de plus beau. Outre le
portrait de 3 hommes retenus en otage, de l'amitié et du respect qui s'installent entre eux malgré une différence de longueur d'ondes, Yasmina Khadra parle avant tout de cette formidable Afrique
où l'Homme fait preuve d'un instinct de survie, d'une envie de vivre inégalée dans nos contrées sûres et douillettes.
Dans l'équation Africaine, Yasmina Khadra vous offre deux miroirs.... Un premier pour voir ce que vous voulez voir, votre avis et vous
dans le monde tel que vous l'avez défini. Et un autre miroir montre l'envers du précédent, celui que l'on ne veut pas voir, celui que l'on ne peut pas voir et peut-être pas forcément comprendre
parce que notre culture nous en empêche, parce qu'il y a trop d'inconnu dans tout cela.
Ce n'est pas un livre qui apporte des réponses. C'est un livre qui incite à se poser des questions. Et Yasmina Khadra est là devant vous à changer l'orientation du miroir face au soleil cuisant de l'Afrique.... Le reflet est alors différent... A nous aussi de modifier notre point de vue, pour le rendre plus riche de celui des autres, plus juste, plus tolérant ou, au contraire, moins sûr encore ou on ne peut plus révolté. Un livre qui n'impose rien mais qui s'impose, qui accapare, malgré une fin un peu convenue (mais sans doute inévitable !). Ue histoire qui propose juste le regard des autres sur l'autre, ou de l'autre sur les autres.
Un livre où j'ai déposé des dizaines de post it !
L'avis de Gambadou
-" Le poisson rouge ne peut ramener la complexité des océans à la quiétude de son bocal..."
- "Je ne vis pas sur une autre planète."
- "Le poisson rouge non plus, mais que connait il des tempêtes".
" Qui voit l'Afrique une seule fois dans sa vie mourra borgne".
"Il n'y a d'issue que pour celui qui sait où il va."