La Grèce n’avait pas besoin de cela…
Déjà rudement frappé par la crise économique, étranglé par les pouvoirs financiers et placé sous haute surveillance par l’Union Européenne, le pays vient également de perdre l’un de ses plus grands artistes.
Le cinéaste Théo Angelopoulos est en effet décédé le 24 janvier à l’âge de 76 ans, victime d’un accident pendant le tournage de son nouveau film, L’autre mer, consacré à la crise de l’euro et aux problèmes de la société grecque.
Pour les besoin du tournage, le réalisateur avait fait bloquer la circulation d’une voie rapide de la banlieue du Pirée, mais il est malencontreusement passé en zone non-protégée et a été heurté par un motard qui n’a pas réussi à l’éviter. Transféré à l’hôpital, n’a pas survécu à ses blessures.
L’homme était connu pour son caractère bien trempé, dont on avait eu un aperçu lors du Palmarès du Festival de Cannes 1995 où, vexé de n’avoir reçu “que” le Grand Prix du Jury, il avait ostensiblement montré son agacement.
Mais on retiendra surtout son travail de mise en scène – longs plans fixes ou plans-séquences somptueux, rythme contemplatif, cadrages ultra-précis –, la construction de ses récits – errances métaphysiques et intimistes de personnages observant l’état du monde dans lequel il vivent –, les thématiques de ses films, établissant des correspondances entre présent et passé, et sa direction d’acteur brillante, poussant de grands acteurs à épurer leur jeu (Mastroïanni, Keitel, Ganz,…) .
Sa carrière compte quelques oeuvres majeures, pour la plupart écrites en collaboration avec l’italien Tonono Guerra, telles que Voyage à Cythère, L’Apiculteur, Paysage dans le brouillard, Le Pas suspendu de la cigogne, Le Regard d’Ulysse, et avait finalement été récompensée d’une Palme d’Or cannoise pour L’Eternité et un jour.
C’est un grand cinéaste qui vient donc de nous quitter.
La Grèce n’avait pas besoin de cela, les cinéphiles non plus…