Ainsi, ceci, que j’ai trouvé grâce au passage sur le blog eSPoir 2012 , publié également sur Agoravox et que je voulais absolument vous voir partager. je pense en effet que cet argumentaire va vous être considérablement utile dans les mois qui viennent, vu la pression que nous subissons tous pour voter exclusivement pour le candidat des médias… qui ne dérangera aucunement l’ordre établi. Place au peuple !
Argumentaire contre le vote utile à l’attention des électeurs potentiels du Front de gauche
Pourquoi il faut voter avec son cœur et non en fonction de ce qu’on nous raconte
Dans une enquête BVA en date du 17 janvier 2012, Jean-Luc Mélenchon bénéficie d’un très fort potentiel de vote : 23 % des répondants ont en effet répondu positivement à la question : « pourriez-vous voter pour Jean-Luc Mélenchon ? ». Cependant, le candidat commun du Front de gauche reste à un niveau relativement bas dans les intentions de vote des français : il se situe, dans les derniers sondages publiés, entre 7 et 8,5 % des intentions de vote. Le succès des meetings et des passages télévisés du candidat font malgré tout état d’un réel intérêt pour sa candidature. Et pourtant, beaucoup d’électeurs de gauche ont peur de franchir le pas et sont encore la proie de la plus grosse escroquerie de ces deux dernières décennies en matière d’analyse électorale : le vote « utile ». Pour se prévenir de tout un tas de catastrophe dénuées de tout fondements logiques, les électeurs se sentant proches des idées de gauche sont sommés de voter pour François Hollande, le candidat du social-libéralisme, le seul, conformément à on ne sait quelle logique immaculée, qui serait en capacité de battre la droite et d’empêcher le FN de priver la gauche de son second tour. Les responsables du Parti socialiste n’en finissent pas de nous resservir cet argument à chaque élection : en dehors du candidat de la gauche institutionnelle et institutionnalisée, point de salut !
A l’une d’une double crise démocratique et financière, ce genre de procédé rhétorique n’a cependant plus beaucoup de valeur. Quelle différence peut-on honnêtement faire, en ce qui concerne les fondements, entre François Hollande et Nicolas Sarkozy ? Au-delà des discours, les socialistes français sont ils vraiment si différents de leurs homologues européens, si prompts à mettre en œuvre des plans de rigueur réactionnaires au possible ? La vieille union de la gauche est-elle encore d’actualité, alors que le gouffre entre les orientations programmatiques et stratégiques de la famille de la gauche radicale et de la social-démocratie se creuse inexorablement ? Voici quelques pistes visant à déconstruire le mythe du vote utile pour convaincre les citoyens que la démocratie, ça n’est pas voué à être éternellement joué d’avance.
1) La Vème République et le présidentialisme : une démocratie restrictive
L’élection présidentielle et le mode de scrutin majoritaire uninominal à deux tours nuisent au débat de fond : on choisit le meilleur cheval au lieu de confronter les programmes. On le voit bien, les médias de masse ne cessent de s’égarer dans des analyses de forme au lieu de s’attaquer concrètement aux questions de fond. Il en résulte un appauvrissement du débat public qui explique en grande partie le mécontentement d’une grande majorité des électeurs à l’égard de la campagne présidentielle en cours. On va s’intéresser aux soi-disant « intonations mitterrandiennes » de François Hollande, aux « petites phrases » de Jean-Luc Mélenchon (qui raconte pourtant bien d’autre chose quand on l’interroge), aux métaphores à deux balles de Sarkozy qui attaque ses adversaires sans les nommer. Tout n’est qu’apparence, style, représentations stériles et bien souvent superficielles, fade, ineptes. En fin de compte on ne sait plus très bien si l’on doit élire des représentants du peuple en charge du gouvernement ou des pros de la bonne tenue face aux caméras…
La Vème République, c’est aussi l’ineptie d’un système consistant à forcer les électeurs à choisir le candidat le moins éloigné de leurs convictions parmi ceux jugés les mieux placés. Le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours encourage ce processus de déliquescence de l’offre démocratique, en induisant une prime au candidat le plus « modéré ». L’idée de discuter des idées semble devenue désuète. Mainte fois invité par Jean-Luc Mélenchon à venir débattre publiquement avec lui, François Hollande ne se lasse pas d’éluder la question, méprisant un candidat et des partis qui n’ont pas lieu d’exister, selon lui, puisque la gauche serait éternellement vouée à n’être qu’une et indivisible, inscrite dans le marbre du monolithisme le plus inébranlable. Puisqu’il est censé être le mieux placé, à quoi bon s’exposer à une forme de concurrence, à gauche, sur la base d’idées concrètes ? Il est tellement plus confortable de contraindre, bon gré mal gré, les électeurs à se reporter par défaut sur une candidature qu’on leur impose comme étant indépassable. La Cinquième République induit en fin de compte une paralysie du système politique, avec l’élection, in fine, d’un candidat toujours issu des mêmes partis. Il entraîne aussi une prééminence des partis modérés et restreint l’expression de différentes sensibilités à gauche. Bref, il faut rejeter définitivement ce système et ne pas accepter ses logiques.
2) La tyrannie des sondages
Les médias de masse incitent toujours les électeurs à faire leur choix en fonction des résultats des sondages relatifs aux intentions de vote. Leur prolifération tend à déterminer le résultat de l’élection avant-même qu’elle ait lieu. Le summum semble avoir été atteint avec le tandem Paris Match / Ifop qui propose pas moins d’un sondage par jour !
Obnubilés par cette avalanche de statistiques dont, rappelons-le, les données brutes et la méthodologie de redressement des résultats ne sont jamais rendues publiques, les « analystes politiques » (bien souvent des journalistes à cent lieues de la profession de politologue) ne font plus qu’analyser des enquêtes d’opinion. Au diable les idées, ce qui compte, ce sont les chiffres : « mais monsieur machin, vous voyez bien que vous stagnez à 2 % dans les sondages, pourquoi vous présenter ? ». Mais quel est l’intérêt d’une campagne électorale si elle ne sert pas à convaincre les électeurs ? On devrait tous rester chez soi, à contempler les sondages, pour ne plus avoir besoin de réfléchir avant de voter ? La présidentielle se retrouve en fin de compte de plus en plus réduite à une vague course de chevaux : la discussion sur le fond n’est plus la priorité des journalistes et des soi-disant analystes politiques.
3) L’escroquerie Front National
Le FN et sa candidate, Marine Le Pen, sont clairement le diable de confort du système. En brandissant la menace d’une qualification frontiste au second tour au détriment d’un candidat issu de la gauche, on les incite à voter mécaniquement pour le PS et sans plus de conviction. Pourtant, si le FN fait des scores élevés, c’est en partie la faute des partis institutionnels, qui ont été incapables de trouver des réponses à la colère sociale. En entretenant le système, on entretient le FN. C’est en fin de compte un bon arrangement entre les institutions nécrosées de la Vème République et l’extrême-droite, un véritable cercle vicieux.
Alors bien sûr, le spectre du 21 avril planera maintenant sur toutes les élections présidenrtielles françaises jusqu’à la fin des temps… Pourtant la qualification du FN au second tour en 2002 est en partie imputable au candidat socialiste de l’époque, qui n’a pas été capable de rassembler suffisamment d’électeurs sur son nom. Au lieu de prendre conscience du fait qu’il a perdu le soutien du peuple, le PS fait systématiquement de la surenchère sur une supposée menace frontiste afin d’inciter au vote utile.
Pourtant cet appel démesuré à la vigilance est aujourd’hui clairement sans objet. Les sondages montrent justement que le candidat du PS arrive systématiquement en tête des intentions de vote, et avec une avance assez nette. Il a de la marge avant de se faire éliminer ! C’est bien plutôt Sarkozy et la droite qui ont du souci à se faire. Par ailleurs, en 2007, Jean-Marie Le Pen avait été surestimé par toutes les enquêtes préélectorales, avant de finalement s’effondrer à 10,4 %, loin derrière trois autres candidats. Et s’ils faisaient à nouveau les mêmes erreurs avec Marine Le Pen ?
4) Le mensonge d’une gauche idéologiquement homogène
Aujourd’hui plus que jamais, il y a des divergences idéologiques fondamentales entre les différentes sensibilités de la gauche. Tout n’est pas que magouilles et négociations de couloirs en vue de la formation d’un éventuel futur gouvernement de gauche comme certains journalistes se plaisent à l’affirmer sans relâche ! S’il y a plusieurs partis et plusieurs candidats à gauche, ça n’est pas sans raison. A l’heure actuelle, voter pour Jean-Luc Mélenchon n’a pas du tout la même signification que voter pour François Hollande : la victoire du premier n’impliquera pas du tout la conduite de la même politique que celle qui serait conduite en cas de victoire du second !
Il n’y a pas d’union automatique de la gauche. La « Gauche plurielle » est belle et bien dissoute, sa reformation n’est pas du tout à l’ordre du jour et l’idée-même d’un désistement automatique dans le cadre du second tour n’est même pas acquise. Si un accord lie le PS et EELV en vue des élections législatives, le Front de gauche n’en fait pas partie et s’affirme clairement comme une force politique autonome et indépendante de la social-démocratie. Jean-Luc Mélenchon lui-même a affirmé qu’il ne dirigerait aucun autre gouvernement que le sien, et qu’il n’avait absolument pas l’intention d’intégrer un éventuel gouvernement socialiste en cas de victoire de François Hollande à l’élection présidentielle. Quant au PCF, il doit consulter ses adhérents avant d’entreprendre toute participation à un gouvernement dirigé par le PS… Inutile de spéculer bien longtemps pour savoir qu’une grande partie des militants communistes n’ont aucune envie d’aller se compromettre avec la « rigueur juste » !
Par ailleurs, la « gauche » a des frontières de plus en plus poreuses. Alors que François Hollande et Eva Joly souhaitent inclure François Bayrou et son parti, le MoDem, dans le cadre d’une vaste alliance de centre-gauche, Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche rejettent clairement cette opportunité, le programme ultralibéral et la surenchère dans l’austérité de Bayrou entrant en totale contradiction avec un vrai programme de gauche, c’est-à-dire de rupture avec les logiques capitalistes.
5) Votez pour vos idées !
Vous autres électeurs de gauche qui en avez marre d’avaler des couleuvres, ne vous laissez pas avoir par ce système d’alternance bipartisane stérile. François Hollande et le PS misent exclusivement sur l’antisarkozysme et la peur du FN pour obtenir leur victoire. Leur programme, pratiquement inexistant, n’a d’autre ambition que de poursuivre la mise en application des politiques d’austérité promues par la droite. Une victoire du PS et la mise en place d’un nouveau gouvernement sous direction socialiste ne changera strictement rien au quotidien des classes populaires. Ne vous laissez pas aller à des chantages absurdes : votez avec votre cœur, plutôt qu’à contrecœur et de manière désillusionnée.
Ne vous laissez pas non plus enfermer dans une dépendance aux résultats du Front National. Si ce parti prospère, c’est parce qu’une partie de la population souhaite exprimer son mécontentement à l’égard de la politique menée par les différents gouvernements de droite et de centre-gauche depuis des décennies, qui ont tous échoué à résoudre les graves difficultés sociales auxquelles la France est confrontée. Pour casser cette logique, il faut porter au pouvoir une force incarnant la radicalité concrète, le Front de gauche, et ne pas maintenir en place un PS qui ne suscite plus aucun espoir et se contente d’un simple vote de résignation.
Enfin, plus que jamais, la démocratie est faite pour permettre au peuple d’exprimer ses idées, d’affirmer son adhésion à un projet de société. Si tout n’est plus que vains calculs politiciens, comment pourrait-on en vouloir à ceux de nos concitoyens qui sont de plus en plus nombreux à s’abstenir ? Si la politique ne fonctionne plus qu’en fonction de règles permettant aux même de se succéder au pouvoir pour conduire la même politique, au bout du compte, que nous restera-t-il ? L’insurrection ! Après tout, pourquoi pas ?
Auteur : Alan C.