Tout le monde nous montre aujourd’hui le miracle économique allemand comme une réussite, une référence en la matière, comme une victoire sur la crise, mais si une partie de l’Allemagne remplit le cadre de la réussite économique, une autre partie, la plus grande, est en partielle récession et dans une situation catastrophique du point de vue social et micro-économique.
En effet, aujourd’hui les chômeurs allemands (10% de la population active) vont mal, très mal, le chômage en Allemagne est d’ailleurs presque aussi important qu’en France et la Loi du « Harts IV » (2003) illustre ce propos :
• - « En réformant le chômage, l’Allemagne démantèle l’Etat-Providence. La réforme de l’indemnisation des demandeurs d’emploi, voulue par le chancelier social-démocrate Gerhard SCHRÖDER (SPD), en butte à des déficits croissants, entre en vigueur le 1er janvier. Visant à remettre au travail les chômeurs de longue durée, elle marque la fin d’une époque ». Le Monde, nous sommes en Janvier 2005, mais rien n’a changé depuis, au contraire la situation s’est aggravée.
(Peter Hartz, ancien Directeur des Ressources Humaines de Wolkswagen, négocia les accords sur la flexibilité des horaires, mais il démissionna suite à une affaire de corruption en effet, il est fortement suspecté d’avoir versé des pots de vin à des représentants syndicaux, et, les charges ont été abandonnées, suspecté d’avoir loué les services de prostituées sur les fonds de l’entreprise.)
Aujourd’hui, l’indemnisation chômage en Allemagne passe de 32 à 12 mois (Arbeitslosengeld I), pas un mois de plus, si on propose un emploi à un chômeur à un salaire inférieur à sa fonction, il a le devoir d’accepter, il n’a pas le choix, s’il a des économies ou si ses parents en ont, il devra vivre sur ces économies et ne pas imposer sa charge à l’état Allemand. S’il est chômeur longue durée, il touche « Arbeitslosengeld II », 350 euros environ. Les autorités ont proposé une formule d’emploi à un euro de l’heure (Ein-Euro-Jobs), qui s’avère être un sérieux échec, en effet, qui veut travailler pour un euro de l’heure, un café coute déjà 1,80 euros, une baguette, une heure de travail…
Le système social est également en berne, l’Allemagne n’indemnise plus comme elle le faisait avant, ce n’est de loin plus un état providence, plus d’allocations, ou le moins possible, les européens et autres étrangers en recherche d’El Dorado qui avaient encore l’idée hier de s’installer en Allemagne pour bénéficier du système social, se dirigent vers la France, même les italiens les envoient en France, nous sommes le dernier bastion social du monde.
Dans tous les pays anglo-saxons on ne trouvera jamais une offre sociale comme celle qui est proposée en France. L’Allemagne a dit non, et chaque allocataire subit des contrôles draconiens pour éviter la fraude, en Allemagne on ne fraude pas, sinon, on le paye très cher, en France il arrive que plusieurs membres d’une même famille se fassent opérer de l’appendicite sur la même carte vitale, un délire ubuesque, mais réel.
En revanche, les retraités moyens ne peuvent plus subvenir à leur besoin, comme en France, et doivent reprendre le chemin de l’emploi en faisant des petits boulots payés à 400 euros/mois sans couverture sociale pour un mi-temps, mais ces emplois sont aussi recherchés par les jeunes qui doivent les cumuler, et malgré cela, ils ne peuvent même pas se permettre de louer un studio avec une garantie de 3 mois de loyers d’avance, plus une caution, plus, plus… Les parents doivent les aider, mais ils sont également pris dans la tourmente et ne peuvent souvent plus le faire.
Les magasins sont vides, soldes ou pas soldes, plus personne ne se bouscule pour faire des affaires car le pouvoir d’achat est si bas pour la majorité, que les gens restent chez eux incapables de dépenser.
Une vendeuse, retraitée, travaillant à mi-temps à Karstadt, magasin de type Galerie Lafayette, pour assurer son quotidien, déclare :
• - On nous fait suivre des formations pour apprendre à vendre mieux nos produits, mais à quoi bon, puisque les clients, quand ils viennent, ne cherchent que les soldes et les promotions, ils ne regardent même plus les produits plein tarif. Aucune technique de vente ne poussera un acheteur à consommer si, comme nous, il n’a pas les moyens. On ne sert qu’à indiquer une situation géographique, les toilettes, la sortie, éventuellement les caisses… (interview personnelle)
Il y a l’Allemagne de ceux qui réussissent, et l’Allemagne des pauvres qui est largement majoritaire, et le discours du président Sarkozy concernant l’exemple à suivre nous montre à quel point il est ignorant de la situation économique Allemande et Française.
Le miracle Allemand n’est plus ce qu’il était et la colère gronde dès que le sujet de la Grèce revient sur le tapis, car les Allemands souffrent, et ils ne peuvent plus se permettre d’assumer les erreurs et les fourberies orchestrées par une classe politique grecque, qui s’est enrichie en appauvrissant non seulement son peuple, mais l’Europe entière.
Nous vivons une époque formidable…