RA : le maquis de la resistance.

RA Antwerp - 13 Kloosterstraat /  2000 Antwerp
Anna Kushnerova & Romain Brau - Les fondateurs de RA.

On est à Paris. Ben ouais, c'est comme ça la vie. Des fois, t'arrives dans une ville (Montréal) et tu te dis que t'as trouvé la perle, et puis en fait… non. Certes, ils ont une scène alternative intéressante mais elle est trop petite et surtout trop individualiste. À se cacher dans leurs terriers comme des ours pendant l'hibernation, ils ne connaissent plus la valeur du mot solidarité et forcément, au bout d'un moment, ça s'étiole. Ils manquent de réseau, d'envie de réaliser ensemble. Du coup, en six mois à la rédac, on a fait le tour, on s'est fait chier. Et après, qu'est-ce qu'on fait ? Ben… on rentre. Pas la queue entre les jambes parce qu'on a vécu une belle expérience, mais avec la déception d'un emballage trop beau pour un contenu qui est devenu trop vite lassant. 

Mais impossible de débarquer à la grande ville sans passer par la maison A.K.A Belgique, mon amour pour toujours. Bruxelles, ÉVIDEMMENT ! Mais Anvers aussi. C'est là qu'on se rend compte du pourquoi du comment on est si amoureux du plat pays. Dans la mode, il y a la Gestapo du luxe qui a envahi nos vies comme des nazis, et il y a les niches de résistants qui continuent à croire que le rêve d'une beauté créative pure est encore accessible. RA Anvers se pose comme le maquis, comme le QG de ces gens qui savent encore qu'à une époque, Dior s'appelait Christian. Hormis le fait que la jeune création y ait trouvé un espace de survie oxygéné, qu'elle y soit défendue bec et ongles par un staff à la culture G mode aussi puissante qu'une grosse Berta, RA Anvers se positionne comme un espace d'échange où il fait bon vivre. Eh oui, mes amis, se rendre chez RA ne veut pas simplement dire y passer deux heures pour acheter des robes incroyables qui vont sublimer vos corps : il y a surtout une force qui rappelle celle du pèlerinage. 
Quand on va chez RA avec les copines, on y passe la journée. On commence par la fameuse "Kitchen", un restaurant où sont servis des mets dignes de l'Olympe. Un lieu qui respire, on s'y sent chez soi. C'est un peu comme quand on va faire la fête chez des gens qu'on ne connaît pas : au début, on est un peu intrigué, mais comme c'est des copains de copains, on finit par vite se détendre ; et là, l'expérience s'enrichit : on lit des bouquins d'art rangés dans une bibliothèque bordélique, on discute avec les serveurs aux silhouettes improbables, le chien de la maison finit toujours par dire bonjour, et les autres convives ne rechignent à quelques regards ou sourires si ce n'est quelques mots.
C'est en ce sens que l'expérience shopping de RA est toute différente : on atterrit dans un autre pays, on prend le temps de siroter un cocktail dans un décor qui embarque dans mille rêves, on est apaisé, on se pose, on est à la maison. Alors, essayer de la fringue devient intime, déjà parce qu'il y a encore ce staff qui est aux petits soins, sans être cucul, sans être arrogant non plus, sans être désagréable (c'est rare), un peu comme des copains. Et puis en plus, on a l'impression que la sélection a été faite de telle sorte que l'on découvre vraiment quelque chose. Ici, il n'y a pas de place pour la bouffonnerie des tendances. Après s'être enivré d'un trou normand home made, la famille propose ses dernières trouvailles, mais celles qui viennent du cœur, pas celles qui rempliront automatiquement la bourse des proprios. 
RA, c'est ça : un lieu où le commerce n'est finalement que subsidiaire, où l'amour de la mode autant que des gens qui l'affectionnent est le moteur principal d'un nouveau maquis, joyau d'une nouvelle résistance dont notre génération peut être fière. Eh oui, finalement, il y a de l'espoir, c'est avec ce genre de projet que l'on peut croire qu'un jour on préférera s'offrir du Christian plutôt que du Dior. Mais alors, pourquoi ne pas aller installer une tente chez RA et y rester toute la vie ? Ben, parce que la résistance ne fait que commencer ! 
RA ouvre les portes de sa seconde boutique sur 140 m² cette fois-ci, rue de la Corderie à… Paris ! Résistant, résistante : rendez-vous là-bas dès aujourd'hui pour l'ouverture! ! Pour finir en beauté le petit coin de verdure au premier étage de la boutique d'Anvers!Bien à vous.