Elle avait eu le choix de grandir entre sa mère et son père, la vie avait décidé de ne plus les proposer ensemble, le divorce avait été suffisament long. Elle, jeune, si jeune peut-être, avait pris le temps de ne rien comprendre, de ne souhaiter qu'un seul amour, une famille unie, mais elle avait aussi vu, entendu les longues engueulades sur des sujets d'incompatibilités, de fin de communauté. Elle avait donc grandi avec son père, puis adolescente avec sa mère, pour être plus proche de ses études, par confort.
Le temps encore lui avait donné ce caractère, cette force contre la solitude et pour découvrir sa féminité, sa complicité avec sa "maman chérie". Elles étaient si heureuses, quand elles couraient les soldes, ou simplement flânaient dans des petites rues, pour du lèche-vitrine. L'une repérait pour l'autre, comme un article lu et conservé plié pour l'autre, elle savourait ces instants communs, ce bonheur de choisir, de voir, d'essayer, de regarder, de frémir, de tester parfois d'improbables couleurs.
Et puis ce léger ressenti en sortant avec un petit paquet, avec leur dernière merveille, elles papotaient encore, chamin faisant, sur leurs talons, leurs hauts talons. Elles adoraient les chaussures, tout ce qui faisaient briller les yeux des hommes, disaient-elles, leurs jambes et leurs pépites à talons.
Elles s'échangeaient leurs chaussures, un coin de dressing justement aménagé avec des petites étagères, pour ce plaisir d'ouvrir, de voir, de choisir l'étincelle du jour, de leur quotidien de mode.
Maman resplendissait, un nouvel amour, un nouvel amant peut-être !
Ce matin, elles étaient partis ensemble, rigolant de vouloir mettre le même paire de chaussures, pour chacune la laisser à l'autre et partir avec des bottes hautes. L'une allait voir ses amis, du moins officiellement, l'autre allait faire son loto, pour le rencontrer juste après officieusement.
Quelques pas ensemble, ce cliquetis de talons en riant.
NYLONEMENT