Back on Time
Ninja Tune
Grande-Bretagne
Note : 7/10
par Marc-Olivier Novak
Jusqu’à tout récemment, je connaissais très peu de choses au sujet de Luke Vibert. Ne me blâmez pas. Ce mec est dur à suivre. Il compose et produit sous différents alias. Ses albums et simples paraissent chez plusieurs maisons de disques différentes. Un peu comme Richard D. James (alias Aphex Twin), Vibert est à l’aise dans plusieurs styles. Ce que je connaissais à son sujet était la chanson I Love Acid tirée de l’excellente compilation Warp20 (Chosen) ainsi qu’un album intitulé Moog Acid réalisé en collaboration avec l’illustre Jean Jacques Perrey. Il me sembla donc logique de penser que Vibert s’intéressait surtout aux trucs vintages (Roland TR-808, Minimoog, etc). Ses chansons étant garnies d’échantillonnages plus ridicules les uns que les autres, Luke Vibert me sembla aussi être un fin plaisantin. Ce que je ne savais pas c’est que Vibert alias Plug était également un producteur de jungle/DNB acclamé.
C’est en survolant la blogosphère que je tombai sur un article qui traitait de la parution prochaine de Back on Time (Ninja Tune), une collection de morceaux délaissés n’apparaissant pas sur l’album original de Plug, Drum ‘N Bass for Papa, paru en 1996 (Blue Planet). N’ayant écouté aucun de ces albums, je décidai d’écouter Back on Time d’abord et Drum ‘N Bass for Papa ensuite.
Le jungle/DNB étant un style toujours bel et bien en vie aujourd’hui et Luke Vibert étant un producteur soi-disant avant-gardiste, je voulut effectuer un test à savoir si Plug aller définitivement sonner 1996 ou pas (voir peut-être même sonner 2012). Une première écoute rapide me donna envie de faire de Back on Time ma toute première critique sur Feu à volonté.
Les chansons contenues sur Back on Time sont moins longues que celles originalement parues sur Drum ‘N Bass for Papa. Aux yeux de Luke Vibert, ces chansons étaient fort possiblement incomplètes. Pourtant, ce sont tous d’excellents morceaux souvent plus audacieux que leurs contre-parties sur Drum ‘N Bass for Papa. Back on Time capta toute mon attention dès les premières secondes avec Scar City. La structure rythmique est bel et bien celle d’une chanson de jungle/DNB mais les sons échantillonnés ne sont pas ceux que vous retrouvez dans un album de jungle/DNB plus conventionnel (voir Goldie ou Photek). Sur Scar City, comme sur les autres chansons, une attention particulière est portée aux éléments mélodiques (le piano, les voix, les cordes, etc).
En général, c’est la basse et la percussion qui prévalent dans ce style de musique. Vibert semble accorder une importance égale à tous les éléments dont ses chansons sont constituées. Feeling So Special semble être le morceau avec lequel Ninja Tune compte vendre l’album. Vous pouvez télécharger la chanson gratuitement sur le site de Ninja Tune. De tout l’album, c’est probablement ce morceau qui sera le plus facile à intégrer dans un mixe. Du reste, Back on Time, même avec des structures pas si complexes, n’est pas très DJ-friendly. Tout le contenu de Back on Time vascille autour de 160 et 180 pulsations/minutes, excepté la pièce Yes Man qui, à 144 pulsations/minutes, frise le genre UK Garage. L’esthétique Plug fonctionne très bien à ce tempo plus lent. Malheureusement, Plug se focalise uniquement sur un tempo jungle/DNB qui, chargé comme Vibert le charge, risque de rapidement vous agacer.