Nouveau moratoire pour février sur le mais transgénique Monsanto 810

Publié le 25 janvier 2012 par Sequovia

La ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet vient d’annoncer le prolongement du moratoire pris sur le maïs MON810 du groupe Etats-unien de biotechnologie Monsanto. Après l’annulation de la suspension de la culture du maïs OGM par le Conseil d’Etat en décembre dernier, le gouvernement veut montrer qu’il est totalement opposé à la culture d’OGM dans le pays.

  • Historique des faits

Le maïs OGM du groupe Monsanto, géant fabricant de semences génétiquement modifiées, est en passe de voir son produit MON810 définitivement interdit en France. Introduit en UE en avril 1998, le MON810 est l’un des maïs transgéniques les plus emblématiques, à l’origine de nombreux conflits avec les militants anti-OGM.

La Commission Européenne confirme l’autorisation en juillet 2010 de la commercialisation de certains végétaux OGM au sein de l’UE dont 6 variétés de maïs transgénique (incluant 2 variétés de Monsanto). Le débat sur la culture des OGM en Europe ne trouvant pas d’accords communs, la Commission laisse pour l’instant aux pays le choix d’autoriser la culture ou non sur leurs sols. En France, une clause de sauvegarde et une mesure d’urgence ont ainsi été prises en 2008 à l’égard du MON810, invoquant des risques sérieux pour l’environnement et sa toxicité, suspendant la culture de l’OGM.

Un rebondissement avait pourtant surgi le 28 novembre dernier quand le Conseil d’Etat, sous l’impulsion de Monsanto, de l’Association générale des producteurs de maïs et de plusieurs producteurs de semences, avait annulé la suspension de la culture du MON 810. Faute de preuves, le ministre de l’agriculture Bruno Le Maire n’avait pu démontrer les risques potentiels sur la santé et l’environnement, pour s’opposer aux attaques de Monsanto contre les arrêtés.

Finalement, le MON810 restera probablement interdit en 2012 avec la prolongation du moratoire qui sera pris le mois prochain. Annoncée en septembre dernier, la nouvelle clause de sauvegarde était prévue par la ministre de l’écologie dans le cas de l’annulation de la suspension de la culture de l’OGM (par le Conseil d’Etat).

  • La variété MON810 : le manque de preuve

Aujourd’hui, certains pays d’Europe l’ont interdit comme l’Allemagne en 2009, ainsi que l’Autriche ou la Hongrie. D’autres en revanche l’utilisent à grand échelle comme l’Espagne, premier cultivateur de ce maïs OGM au niveau européen, mais aussi le Portugal, la République Tchèque et la Slovaquie.

Le MON810 est résistant à la pyrale du maïs, insecte qui peut causer de gros dégâts sur les feuilles, tiges, et épis de maïs. Cet OGM permet également de se protéger contre le parasite appelé Sésamie. D’où son intérêt pour les cultivateurs et leurs cultures, ravagées par de nombreux insectes.

Cependant, des expérimentations réalisées sur des rats par Monsanto elle-même, ont montré une certaine toxicité du MON810, mais « l’échantillon de rats choisi par la firme était insuffisant pour prouver de manière scientifique la malformation des reins ou de la rate qui a été observée sur certains rongeurs ayant mangé du maïs OGM. »

Greenpeace ajouta à la suite de la décision du conseil d’Etat, que « depuis février 2008, aucune étude scientifique sérieuse n’est venue lever les risques que représentent les OGM pour l’environnement ni nous assurer de leur innocuité pour la santé humaine ».

Pourtant, un rapport du Comité de recherche et d’information indépendant sur le génie génétique avait révélé il y a deux ans une étude démontrant des niveaux de toxicité « inquiétants ».

  • Que va-t-il se passer ?

L’Association générale des producteurs de maïs a déjà annoncé la volonté des agriculteurs de cultiver le MON810 à partir des prochains semis, c’est-à-dire en mars et avril. Mais le moratoire au nom du principe de précaution permettra au gouvernement de gagner du temps, en empêchant les agriculteurs de cultiver l’OGM et obligeant un nouveau recours juridique de la part de Monsanto. De son côté le gouvernement doit apporter les réelles preuves de risque de l’OGM.

En 2008, le premier moratoire a été décrété par la France à la suite du Grenelle de l’environnement, mais celui-ci vient d’être annulé en septembre par la Commission Européenne, et en décembre par le Conseil d’Etat. Monsanto lancera le même recours sur les nouveaux arrêtés. Or la France ne dispose pas de nouvelles preuves par rapport à l’ancien traité. De plus, au niveau juridique, le moratoire nécessite le soutien de la Commission Européenne.

Enfin, les agriculteurs subissent de lourdes pertes à cause des parasites, et ont parfois besoin de l’OGM pour limiter les dégâts. Et même si Monsanto vient d’annoncer la non-commercialisation de MON810 en France, d’autres entreprises vendent des semences contenant les mêmes modifications génétiques. Il reste en outre la solution de l’achat de semences en Espagne.

  • Avis Sequovia

Les OGM apportent des bénéfices non négligeables aux agriculteurs, puisque la modification génétique permet une meilleure résistance à certains parasites, herbicides et aux variations du climat. Ainsi, cette pratique diminue grandement les pertes des agriculteurs.

D’un autre côté persiste les risques sur l’Homme, et sur la biodiversité. La loi OGM du Grenelle a imposé des contraintes pour les cultivateurs d’organismes génétiquement modifiés, notamment en assurant la non-contamination des parcelles voisines sous peine d’indemnisation. Cependant, les effets secondaires sur la santé n’ont pas encore été prouvés.

Il est important de souligner que même dans certains pays où les cultures sont interdites comme en France, la consommation ne l’est pas. Il est donc vivement nécessaire de réaliser les études aptes à reconnaître ou non la nocivité des OGM sur l’Homme, afin de déterminer si elle doit être interdite ou non à la commercialisation.