Et si les consommateurs et les épargnants avaient la possibilité de connaître la situation sociale des entreprises avant
d'acheter un produit ou un service ou investir leur argent ? C'est l'une des propositions de François Hollande :
« (...) On note tout aujourd'hui, moi je propose une idée audacieuse : une notation sociale des entreprises (...) »
Qu'a t-il exactement proposé ?
On peut le lire sur son
site officiel « (...) Ce dispositif obligerait toutes les entreprises à faire certifier annuellement la qualité de leur gestion des ressources humaines au
regard de criteres officiels de qualité de l’emploi qui seront définis avec les partenaires sociaux. Les résultats de cette notation seront rendus publics afin que les salariés, mais aussi les
consommateurs aient connaissance de la qualité sociale des entreprises (...) »
Les concepts de responsabilité sociale des entreprises et de l'investissement socialement responsable ne sont pas nouveaux,
mais jusqu'à présent, ils étaient observés avec plus ou moins d'attention ou ... d'indifférence par les partis politiques.
La nouveauté dans la proposition de François Hollande, c'est de passer du volontariat actuel à l'obligation.
Si du côté des syndicats, François Chérèque a déclaré : « (...) J'avoue que c'est la première fois que
j'entends un responsable politique évoquer la notation sociale (...) » les organisations d'employeurs n'ont pas encore réagit au fait que, des représentants des salariés, puissent un jour
: « sièger dans les conseils d'administration et les comités de rémunération »
Mais il ne faut pas être un grand expert pour prévoir que les syndicats patronaux ne vont pas tarder à faire connaître leur
opposition et leur hostilité à de telles propositions.
Hostilité qu'ils ont déja manifestée en février 2010, lorsque Xavier Darcos décidait de mettre en place un site web qui visait à «
favoriser l’exemplarité des entreprises en matière sociale » Au lancement du site : Les pages publiées distribuaient des
codes couleur comme des bons ou des mauvais points. Ils indiquaient le degré d’avancement des entreprises dans la mise en œuvre d’une politique de « prévention du stress professionnel »
Panique immédiate des entreprises qui se voyaient appliquer un « feu orange » ou un « feu rouge » A tel point que : « (...) Lorsque les premiers noms sortent en rouge le 18 février, une avalanche de coup de fil tombe au ministère du travail. Peu d’entreprises tiennent absolument à être classées
en vert car elles craignent un retour de bâton de leurs partenaires s’ils jugent le dispositif insuffisant, mais elles veulent absolument éviter le rouge. La méthode choque car elle n’est pas
habituelle et les entreprises appellent le MEDEF à la rescousse pour éviter d’être jetées en pâture qu’elles aient de bonne ou mauvaise fois initié des actions (...) » - Usine Nouvelle
Résultat, le 19 février, les listes orange et rouges des entreprises en matière de prévention du stress, disparaissaient du site Travailler Mieux ... tout comme le problème des salariés
malades du stress !
On devrait savoir jeudi si François Hollande intègre la notation sociale dans son programme présidentiel et connaître le
niveau d'opposition des organisations patronales et de l'UMP.
Néanmoins, en cas de victoire, il est évident que la mise en place d'un tel projet ne sera pas facile. Mais qu'ont à craindre
les entreprises : « (...) qui font un effort pour former leurs salariés et limiter la souffrance au travail (...) » ? Si ce n'est de
voir consommateurs et épargnants récompenser leurs efforts !
Photo : Jacques PACHOT