Titre : Les croqueuses
Scénariste : Karine Bernadou
Dessinatrice : Karine Bernadou
Parution : Novembre 2008
La mode des bande-dessinées girly, pour les filles par les filles, est-elle condamnée à ne produire que des ouvrages de mauvaise qualité ? A force d’en lire, je commence à me poser la question… Seule originalité de l’ouvrage « Les croqueuses », scénarisé et dessiné par Karine Bernadou, il ne semble pas tiré d’un blog graphique… Comme son nom l’indique, seul l’aspect sentimental est ici pris en compte. On évitera donc le shopping et les chats.
Présenté sous un format classique (A4 de 48 pages), l’ouvrage se décline en gags d’une page. A chaque fois, une chute ponctue la saynète. Hélas, la chute tombe souvent à plat. Soit parce qu’elle n’est vraiment pas drôle, soit parce qu’elle a déjà été lue des milliers de fois ailleurs. Serait-il donc impossible de parler des amourettes féminines sans tomber dans des blagues éculées ?
Certes, l’humour est basé avant tout sur les femmes et je n’en suis pas une. Sauf que je rêve d’un monde où l’on pourrait faire une BD sur les femmes qui parlerait aussi aux hommes (un peu comme König qui fait des BDs pour les homosexuels et qui, pourtant, a un public hétérosexuel non négligeable). Si la seule qualité d’un ouvrage est de « plaire aux nanas » alors c’est qu’il est objectivement mauvais.
Certains « gags » sont vraiment du remplissage si bien qu’on a vraiment l’impression d’être pris pour des imbéciles. Par exemple, une page entière est consacrée à une femme qui se met le doigt dans le nez, en sort une boulette et la lance (accidentellement) sur les cheveux de son homme. Et voilà, c’est tout. Certaines saynètes sont vraiment affligeantes de pauvreté et montrent combien ce genre de BDs sortent uniquement par effet de mode.
L’auteure fait également le choix de ne pas créer de personnage récurrent. Ainsi, les femmes et les hommes ne sont jamais les mêmes. Les caractères changent donc d’une planche à l’autre. Difficile donc de ressentir un minimum d’empathie pour les personnages. J’imagine que ce choix est censé permettre à toute femme (trentenaire ou presque) de se reconnaître, mais je ne le trouve pas bien judicieux.
Graphiquement, hélas, ce n’est pas mieux. Non seulement les pages sont désespérément vides et avec le minimum de décors, mais en plus on retrouve une copie conforme des styles de Margaux Motin et Pénélope Bagieu (entre autres). L’écriture est cursive (c’est tellement plus féminin) et les couleurs minimales. La peau blanche des personnages ajoute une vraie froideur malvenue et donne une impression de vide encore plus poussée. On a vraiment l’impression de lire un blog…
« Les croqueuses » est clairement un ouvrage ciblé. Cependant, cela ne doit pas cacher la pauvreté des gags et le manque d’originalité, tant dans le propos que dans le graphisme. Voilà qui ressemble fort à une commande d’un éditeur pour pouvoir sa case « girly » et surfer sur la mode… Mais cette génération de trentenaires serait-elle incapable d’écrire des ouvrages capables de parler des femmes mais de parler à tout le monde ? On peut se le demander.
par Belzaran
Note : 2/20