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Le Pouvoir et la Justice

Publié le 25 janvier 2012 par Dedu

JusticeLe 21 janvier, Le Monde publiait un article sur la revanche des juges d'instruction (lien payant). L'attaque par Nicolas Sarkozy des juges d'instruction, de leur indépendance y était présentés comme l'une des raisons de leur retour en considération dans la société française.

L'article rappelle qu'une part de l'origine de cette situation, qui ne touche cependant pas tous les juges d'instruction, se trouve dans le rôle de l'Europe qui veille à l'indépendance de la Justice. Ce rôle de garant du respect de certains grands principes (qui relèvent des Droits de l'Homme) est un rôle que l'Europe est amené à jouer de plus en plus souvent par rapport aux décisions politique des derniers gouvernements en France.
Heureusement que l'Europe est là pour assurer l'indépendance de la Justice.
Heureusement que l'Europe est là pour veiller au respect du droit international du travail dans la précarisation de certaines catégories de la population (esprit du CPE es-tu là ?).
Heureusement que l'Europe est (et sera) là pour garantir le respect de l'Environnement par les activités économiques et "culturelles" (quand est-ce que les dérives de la chasse seront inscrites comme "spécificité culturelle" au patrimoine mondial de l'UNESCO ?).

Car les annonces, les décisions et autres envolées populistes viennent de plus en plus souvent se heurter aux principes européens. L'origine de ces principes n'est pas éthérée : ils ont été votés par les députés européens, y compris les représentants de la France. Ils traduisent des orientations pour lesquelles la France a reconnu le bienfondé. Mais lorsque nos hommes politiques veulent faire plaisir à tell ou telle tranche de l'électorat, à tel ou tel "ami", ils oublient souvent (ou ne veulent pas voir) les engagements qu'ils ont pris par ailleurs. Ils aimeraient pouvoir se défaire des cadres qu'ils ont eux-même constitués.
Et lorsque l'Europe leur rappelle ces contraintes, ils clament haut et fort leur impuissance face à cette instance supra-nationale et à son attitude d'obstruction vis-à-vis de la mise en œuvre de telle ou telle solution à un problème donné.

Peut-être que c'est justement cette attitude dont il faudrait demander le classement au titre du patrimoine culturel : la recherche d'un bouc émissaire dès qu'une difficulté est rencontrée.

Cette situation se multiplie de plus en plus ces dernières années. Les raisons sont évidemment en partie liées aux modalités de gestion politique de la France, avec une réactivité médiatico-symptomatique au plus haut sommet de l'État. Mais elles sont aussi liées à la complexité grandissante de notre société, à sa fragilisation dans sa structure actuelle et à l'interdépendance de ses composantes.
Or rares sont les élus, dirigeants ou autres décideurs qui acceptent de prendre en considération (et de reconnaitre) toute la complexité de notre société et l'obligation qu'elle impose d'avoir une approche globalisante dans la recherche de solution à tout problème même s'il ne semble concerner qu'une fraction réduite de cette même société.

Cette problématique vaut aussi pour la Justice. Les procureurs, les juges d'instruction, les services de police et toute la chaine qui assure le respect de la loi, la sécurité de notre société sont autant de composante dont le rôle spécifique doit être reconnu, valorisé comme un ensemble et non mis en opposition les uns face aux autres. La stratégie qui vise à "diviser pour mieux régner" peut trouver un intérêt électoral à court terme mais a un impact lourd sur le fonctionnement de la société à long terme.


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